Mon père est épuisé, à mon tour de travailler
Chez moi, il n’y a que mon père qui travaille. Il est chef cuisinier à Paris depuis un an. Avant, il était juste cuisinier. Du lundi au samedi, il part le matin à 5h30 et il rentre tard le soir vers 22 heures. Alors qu’avant, il partait à 8 heures et il rentrait vers 20 heures. Il avait des pauses dans la journée et il rentrait pour se reposer.
Plus maintenant. Il n’arrive même pas à rester debout toute la journée, il a des douleurs au dos et à la jambe. Je le sais parce que, quand il a vraiment mal, je lui mets de la pommade dans le dos. Il me dit qu’il a mal, c’est tout. Ça me rend triste. Je voudrais que mon père se repose.
Ma maman, elle ne travaille pas. Avant, elle faisait des ménages dans un hôtel à Paris. Elle ne m’a pas dit pourquoi mais le patron a viré plusieurs personnes. Elle est toute seule à la maison, elle fait à manger pour ma grand-mère qui est malade, et aussi le ménage et la cuisine pour mon frère. Elle est triste d’avoir été virée et qu’il n’y ait que mon père qui ramène de l’argent, mais au moins elle n’est pas fatiguée.
À mon tour de travailler
Je voudrais bien gagner ma vie pour que mes deux parents n’aient plus à travailler. Comme ça, mon père il pourra prendre du temps pour lui. J’estime que c’est à moi de prendre le relais car ma sœur, elle ne pense pas à aider mon père. Elle a 19 ans et travaille, mais elle ne pense qu’à s’amuser avec ses amis. Elle dépense de l’argent, elle va même au restaurant avec son copain ! Ça m’énerve parce qu’elle n’utilise pas son argent pour la maison.
Je voudrais trouver un travail où je prends un bon salaire. Juste après le bac. Pour ça, il faut que je commence à chercher dès maintenant parce que, l’année prochaine, je n’aurai plus le temps. Je suis en première dans un lycée pro, en maintenance auto. Je vais devoir réviser pour le bac, parce que ce n’est pas sûr que je l’aie. C’est compliqué !
Ilhem aussi est préoccupée par les problèmes financiers de ses parents. Mais elle n’a que 13 ans et ne peut rien faire pour les aider…
Les profs disent que seule la moitié de la classe l’aura. Je pense que je suis dedans, mais à tout moment je peux basculer. Si je ne l’ai pas, j’aurai du mal à trouver un travail car les patrons ne veulent que des jeunes bien qualifiés. Si je l’ai, j’irai postuler dans un Midas près de chez moi. Ensuite, j’aimerais devenir patron de ce Midas.
Ça me rend fier de m’imaginer que l’année prochaine, je ramènerai de l’argent à la maison. Jusqu’à maintenant, c’était mon père qui prenait soin de nous. Maintenant, c’est à mon tour de prendre soin de ma famille.
Apuniya, 17 ans, lycéen, Pierrefitte-sur-Seine
Crédit photo Unsplash // CC Elvis Bekmanis
Fatigue en cuisine
Une enquête réalisée par le syndicat professionnel anglais Unite en 2017 montre qu’en raison de longues heures de travail, 51 % des chef·fes cuisinier·es ont connus la dépression. Près de 80 % déclarent aussi avoir eu un accident ou des absences au travail en raison de la fatigue.
Tu es vraiment cool de vouloir bosser pour aider tes parents tu es solidaire et c’est chouette.
Je peux aussi comprendre ta sœur c’est normal qu’elle est envie de profiter de ta jeunesse.
J’espère que tu auras ton diplôme tu as l’air motivé donc ya pas de raisons.