Ninetta A. 31/01/2019

Mon premier amour m’a fait perdre confiance en moi

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En couple, Ninetta a subi les critiques de son mec. Une fois séparée, elle a gardé longtemps des complexes qu'elle a tenté de surmonter.

Il y a trois ans, j’étais en couple avec mon premier amour, un garçon dont j’étais follement amoureuse. Je me disais souvent que c’était l’homme parfait. Mais au fil du temps, son comportement a changé, il me rabaissait très souvent physiquement : « T’es maigre », « Tu devrais refaire ton nez, t’as une bosse », « Tes seins, ils sont trop petits ». Quand j’étais avec lui, je ne calculais pas ce qu’il me disait parce que je savais que s’il restait, c’était qu’il m’aimait malgré mes défauts.

Puis, j’ai appris qu’il me trompait : évidemment, mon monde s’est écroulé.

Après des mois et des mois d’embrouilles avec lui et la fille avec laquelle il m’avait trompée, on s’est séparés. C’est moi qui ai pris la décision : je lui ai dit que je ne l’aimais plus alors que je l’aimais encore, mais si je n’avais pas dit ça, je sais qu’il ne m’aurait jamais lâchée.

Parce qu’on étudiait tous les trois dans le même lycée, tous les jours, je les voyais tous les deux : je les croisais à la cantine, aux pauses, ou même à l’arrêt de bus. J’ai donc passé un an à essayer d’arrêter d’aimer le garçon que j’aimais, tout en le voyant avec cette fille.

J’ai commencé à cacher mon corps

À ce moment-là, chaque insulte qu’il m’avait dite quand on était ensemble a progressivement commencé à résonner dans ma tête. Elles remontaient chacune leur tour jusqu’à mon cerveau, et quand je me regardais, je me disais : « Il avait raison », « C’est vrai que mes seins sont petits », «  Il disait vrai quand il me parlait de mon nez ». J’ai alors perdu confiance en moi.

J’ai commencé à me cacher derrière des vêtements plutôt amples, comme des gros pulls. Je ne voulais plus qu’on me critique, je ne voulais plus non plus avoir un regard extérieur sur mes complexes. Un homme m’avait brisé le cœur, et cette peur de l’homme s’était étendue à tous ceux que je croisais. J’avais clairement peur d’eux et de leur regard. Je les voyais chaque jour me fixer ou me dévisager. Le pire, c’était les sifflements ou les petites réflexions qui m’atteignaient comme une flèche de plus en pleine cible : les « Eh toi »,« T’es mignonne, toi, tu m’invites chez toi ce soir ? », « Viens, je te ramène ». En fait, si jeune, les hommes m’avaient déjà dégoutée. Je me sentais harcelée.

Wendy aussi connait une relation qui lui fait du mal, pour une toute autre raison : Je suis dans une relation libre, et ça m’oppresse.

Cette étape de ma vie a duré deux ans. J’avais alors une meilleure amie (elle l’est toujours) qui m’a énormément aidée à reprendre confiance en moi : elle me conseillait, on sortait et on parlait pendant des heures, la nuit. J’ai pleuré, j’ai crié, j’ai écrit, je me suis confiée. Je suis quelqu’un de mélancolique et qui écoute énormément de rap français, parce que c’est les seuls sons que j’aime et qui me donnent l’impression d’être comprise.

J’ai appris à assumer mon corps

Et un jour, j’ai compris : ça a mis du temps, mais j’ai ouvert les yeux. J’ai eu une autre vision de ce couple, car à force de rester tous les deux, ils ont perdu leurs amis. Et beaucoup d’entre eux sont devenus les miens. C’est à ce moment-là que ma place de victime s’est transformée en place de boss : je me suis sentie supérieure à eux grâce aux personnes qui me soutenaient.

Par la suite, j’ai appris à aimer certains de mes complexes. Je regardais des photos de mannequin avec des petits seins et je trouvais ça de plus en plus beau. J’ai grandi, je me suis mise à fond dans mon sport préféré, l’athlétisme, et mon corps s’est formé.

Puis, j’ai passé l’étape que je redoutais le plus : celle de changer mon style de vêtements. Pour cela, mes meilleurs amis m’ont aidée et emmenée dans les magasins. Je regardais aussi différents styles sur les réseaux : des filles postaient des photos et des vidéos de leurs vêtements plutôt féminins. À partir de là, le goût pour la mode m’est revenu, au fur et à mesure. C’est vrai, ça a pris du temps, beaucoup de temps : je me souviens, au début, je commençais avec des jeans. Ça a continué avec des tee-shirts courts. Et j’ai commencé à assumer mon corps. La chose qui m’a aussi beaucoup aidée, c’était d’avoir des potes garçons qui me faisaient des compliments.

Aujourd’hui, cette histoire fait partie de mon passé, elle m’a permis de me forger. Malgré tout, parfois, dans le métro, je sens le regard de certains hommes sur moi, et mes vieux démons remontent : je cache mes fesses avec mon sac, par exemple.

La confiance en soi, c’est le plus important. Il ne faut jamais laisser quelqu’un nous faire du mal, car même si on pense que cela ne nous touche pas, inconsciemment, ça reste dans notre tête.

On a tous des corps différents et on se doit de les mettre en valeur : la femme est belle, qu’elle ait des formes ou non.

Ninetta, 17 ans, étudiante, Ville-d’Avray

Crédit Photo Netflix // © Sierra Burgess is a loser (Film 2018)

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