Quatre cultures, une identité
Grâce à ma famille je suis très connectée à mes origines, mais elles ne se mélangent pas facilement. Surtout pour les autres.
Chez moi, à New York, c’est un véritable mélange de cultures et de langues. Ma mère est Coréenne-Américaine, mon père Français-Catalan, et moi les quatre. Je passe souvent du français à l’anglais. Le matin, je prends mon petit déjeuner avec mon père, en pratiquant des conjugaisons françaises ou en lisant quelques pages des Trois Mousquetaires. Le soir, je dîne avec ma mère en discutant en anglais de nos journées. Quand on est tous ensemble, je parle un peu des deux langues. Entre nous trois, c’est normal de fonctionner comme ça.
Avec ma famille coréenne-américaine à Los Angeles, c’est différent. On mange devant la télé et quand on veut. C’est souvent du take-out coréen, une nourriture qui me pique les narines et que j’ai du mal à avaler. Mes grands-parents ne parlent pas bien anglais, et je ne parle pas du tout coréen. On interagit donc avec les mains et quelques (rares) mots d’anglais. J’aimerais parler coréen pour mieux les connaître. Heureusement, mes cousins sont aussi mixtes, mes tantes très américaines, et j’ai quand même ma place.
Dans la famille de mon père à Paris, c’est encore autre chose. On mange tous à table et jamais en dehors. On parle français. Je fais plus de fautes que ma cousine de 7 ans, et je n’aime pas beaucoup la nourriture sur la table (beaucoup de pain et de fromage). Je ne leur ressemble pas, avec mes yeux bridés et ma peau plus foncée. Si mon père fait des nouilles asiatiques, je m’énerve contre lui car j’ai peur d’accentuer ma différence et de ne pas me sentir assez française.
En France souvent on me demande : « T’es chinoise ? »
En dehors de ma famille, aux États-Unis, je me sens complètement normale. Je ne me sens pas différente et personne ne me fait remarquer mes origines. J’ai beaucoup d’amis qui sont mixtes comme moi. Il y a tellement de diversité et tellement de monde qui me ressemblent.
Alors qu’en France, on me demande. Souvent dès la première conversation si je suis Chinoise. Quand je réponds «Non, Coréenne», on me demande : « Nord ou Sud ? » Au début, j’expliquais : mes grands-parents étaient au Nord, mais quand c’était encore un seul pays. Maintenant, je laisse tomber et je leur donne la réponse la plus facile : « Du Sud. » Ce sont ces remarques qui m’empêchent de me sentir à ma place en France, même si j’ai la nationalité.
Je me sens embrouillée par tous ces pôles de mon identité. Surtout qu’à 16 ans, j’essaye de comprendre qui je suis. Mais je continue à apprendre pour être fière de toutes les parties de ma famille en même temps !
Jasmine, 16 ans, lycéenne, New York
Crédit photo Adobe Stock // © Agsandrew
« L’Humanité est notre Famille, et la Terre notre Maison. «