Philoé et Clémentine 22/10/2020

2/2 Enfin une boîte à règles dans le lycée

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Avoir ses règles, c'est être exposée aux moqueries, et au manque d'informations. Alors au lycée, Philoé et Clémentine ont eu une idée.

Est-ce normal qu’une de nos amies se soit fait gronder pour avoir taché son matelas ? Qu’une autre nous déclare n’avoir jamais entendu parler de règles avant qu’elle les ait ? Qu’une de nos professeures ait droit à des remarques de ses collègues après être sortie de cours en sentant une métrorragie se déclencher ? Que je ne puisse pas m’acheter un pack de serviettes de dépannage, faute de monnaie ? Non. Avoir ses règles est, aujourd’hui encore, un tabou. 

Alors, à la rentrée, nous avons mis en place, dans les toilettes pour femmes, une boîte à trois tiroirs. Le premier contient des serviettes hygiéniques et des protège-slips. Dans le second on trouve tous types de tampons, et dans le troisième sont proposées, via un flyer en libre-service, les alternatives plus économiques, plus écologiques et plus saines aux protections hygiéniques classiques. 

Le sang transperce mon collant

Nous faisons toutes les deux parties du « Comité Des Lycéens » de notre établissement, le collège épiscopal Saint-Étienne de Strasbourg. C’est un groupe d’élèves de la seconde à la terminale qui met en place différents projets afin de rapprocher les lycéens de manière positive. Et nos expériences personnelles, tout comme celles de notre entourage, prouvent l’ampleur du problème.

 

On en a marre de rester silencieuses tout un cours alors que le sang transperce nos collants, puis de nous fabriquer une serviette en papier toilette pour la journée. De voir une fille au bord des larmes à l’école me demander, gênée, si l’on voit une tache sur son pantalon. D’être forcée par son professeur de faire piscine alors que l’on n’ose pas mettre de tampons. Que mon amie ne puisse pas signer ses absences par « endométriose », une maladie sous-estimée.

Chaque jeune devrait pouvoir parler plus ouvertement

Toutes les femmes réglées ont déjà vécu au moins une de ces situations. Le but de cette boîte est de dépanner, notamment celles au cycle menstruel irrégulier. On essaie de lever le tabou sur le sujet, de subvenir aux besoins des plus précaires et d’instaurer une solidarité entre les filles. L’objectif est aussi, après s’être servies dans la boîte, de replacer quelques protections les jours suivants pour penser à nos camarades. Avoir ça dans une école ne fait que renforcer les valeurs de base dont chaque jeune devrait pouvoir parler plus ouvertement.

Nous avons directement été soutenues par des professeurs engagés qui nous ont permis de débuter ce projet. Lorsque l’on a présenté notre initiative à notre chef d’établissement, il a de suite été validé. Il nous a encouragées pour la suite. Après plusieurs semaines, à notre grande fierté, nous avons reçu de nombreuses félicitations et des remerciements, au lycée et sur les réseaux. 

Si l’engouement continue, nous souhaitons développer le projet pour que toutes les toilettes de notre établissement proposent une telle boîte ! Et nous espérons inspirer et convaincre d’autres établissements, voire d’autres lieux comme des restaurants, à procéder de la même façon !

Philoé M. et Clémentine H., 16 ans, lycéennes, Strasbourg

Crédit photo © Team ZEP

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6 réactions

  1. Grâce à vous les filles, le tabou est enfin levé ! Initiative audacieuse mais légitime, Les collégiennes et lycéennes peuvent venir étudier sereinement ! Bravo

  2. Bravo les filles ! Ça s appelle : être conscientes et pragmatiques !

  3. Bravo les filles, quelle magnifique initiative en espérant qu’elle pourra se généraliser dans tous les établissements scolaires et au-delà, en entreprise et ailleurs. Il faut absolument faire connaître cette initiative. Quelle belle idée

  4. Bravo Clémentine et Philoé !!!
    C’est magnifique ce que vous avez fait !
    C’est mâture, intelligent, moderne, utile, civilisé, délicat, admirable, et surtout très fort comme message vis-à-vis des tabous en général !!! Bravo
    Christophe Hall

  5. Une initiative géniale, bravo aux instigatrice! Vous allez aider à lever des tabous

  6. Bravo, belle initiative

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