Johanna C 02/10/2019

Rennes 2 – Pratiques sexistes et bizutage : je dénonce, on me harcèle

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Choquée par les défis sexistes et le bizutage pendant le WEI des STAPS de l'université Rennes 2, on a voulu me faire taire à coup d'insultes.

Suite au week-end d’intégration des STAPS Rennes 2, je suis tombée sur plusieurs vidéos et photos de bizutage sur les réseaux sociaux. 

Parmi celles-ci, une vidéo d’un étudiant (Membre du BDE STAPS) comptant des soutiens-gorge accrochés comme des trophées. C’est notamment ce « défi » qui a retenu mon attention du fait de son caractère sexiste, humiliant et dégradant pour les femmes.

En réaction à cette vidéo, j’ai posté un tweet dénonçant leurs pratiques sexistes et humiliantes, et la violence que cela pouvait représenter pour les femmes. Pour moi, cela relève de la culture du viol et de l’objectivation des femmes en tant que trophées, que l’on pourrait collectionner (ce que la guirlande rappelle), ainsi que la réduction des femmes à leurs simples attributs physiques (ici la poitrine). Poster ce tweet était un moyen d’extérioriser cette colère et surtout de dénoncer le fait que ces pratiques soient mises en place dans le cadre universitaire et, par la suite, exposées fièrement sur les réseaux sociaux.

Plusieurs étudiants (membres du bureau des étudiants de STAPS) ont répondu en niant le caractère sexiste de ce défi et en affirmant la bienveillance qui régnait pendant ce week-end d’intégration. Plus tard, des réponses plus virulentes, voire violentes m’ont été adressées : « Aller ta gueule ptn », « tout le wei te demande de bien vouloir la fermer », « Et pour les soutifs on est tous très heureux que ça choque ta petite âme de rédactrice closer de merde ».

Le harcèlement ciblé a été très violent pour moi

Ces attaques à mon encontre ne sont pas du tout justifiées et j’ai été plus que déstabilisée en voyant le nombre de réponses de ce genre, et d’autres attaques personnelles et à caractère discriminatoire (envers les personnes atteintes de maladies mentales). Ici, je fais référence à un RT de cette publication où a été rajouté une image avec marqué « Gros problème mental », et à un mème qui reprend le même principe.

Le harcèlement ciblé de la part de certains membres du BDE STAPS ainsi que d’autres étudiants de cette filière a été très violent pour moi. La seule chose que je souhaitais, c’était de dénoncer le caractère sexiste de leurs « défis » et les humiliations sous-jacentes au bizutage. Je n’osais pas répondre à ces personnes de peur d’être encore plus harcelée… Sur Facebook, un post similaire au tweet a été publié : dès que des personnes tentaient d’expliquer le caractère sexiste de cette « guirlande de soutifs », soit elles étaient traitées de « mal baisées », soit le discours « féministe » de leur commentaire était constamment rabaissé et moqué.

L’université de Rennes 2 a d’ores et déjà condamné le bizutage et le comportement de ces étudiants durant ce week-end d’intégration.

Je me sens impuissante face aux commentaires et réactions misogynes dont j’ai été à la fois victime et témoin. D’autant plus que cette pratique de harcèlement ciblé pourrait très bien être réutilisée si je suis amenée à dénoncer de nouveau une pratique sexiste. La parole féministe n’est ni respectée, ni écoutée et les tentatives d’intimidations de certains étudiants virilistes viennent conforter l’idée que les pratiques sexistes et la culture du viol ont encore leur place à la fac – notamment dans les soirées/week-ends étudiants -, alors que ça relève de l’intolérable.

 

Johanna, 21 ans, étudiante, Rennes

Crédit photo Twitter // Ugo Thomas

La liste des défis de ce fameux week-end d’intégration :

 

 

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3 réactions

  1. Bonjour,
    Punaise ! Le niveau des défis proposés… On se questionne sur la manière dont les étudiants qui ont imaginé ça ont été recrutés… Affligeant.
    “Boire l’eau des toilettes” ? Non mais franchement ? 40 points ? On a envie de pleurer ou de rire jaune.
    On ne peut qu’admirer la jeune femme ayant rattrapé le niveau en question en postant un commentaire sur un réseau social. Ces personnes sont quand même dans une section qui prépare ensuite à s’occuper des jeunes. Il y a de quoi avoir un peu peur. Surtout quand on lit les menaces qui pleuvent sur la personne ayant “osé” la moindre critique envers ces pratiques plus que douteuses….

  2. Pourquoi ne parles tu pas des menaces de mort proférées envers les staps ?

  3. Salut,
    Rien ne t’empêche de porter plainte contre les personnes qui t’ont répondu de manière déplacées …
    C’est répréhensible par la loi.
    N’hésites pas.

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