Charlotte G. 05/11/2021

1/2 Snap serait mieux entre filles

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Charlotte est influenceuse. Elle se passerait bien des dragueurs et manipulateurs dans sa communauté, sur Snap.

J’ai 6 000 filles qui me suivent sur Snap, 2 000 personnes sur Insta et 4 000 sur TikTok. J’ai aussi des garçons… Mais je ne les compte pas, eux, car mon contenu est que pour les filles.

J’ai envie de devenir influenceuse. Depuis petite, je fais des vidéos sur les réseaux, je suis à l’aise dans ce domaine, ça me ressemble. J’aime partager mon quotidien avec celles qui me suivent, donner des bons plans, des bons restaurants, des bons lieux, des bons produits. Make-up, masques, hôtels, spas…

J’ai commencé sur Snap où je proposais mon contenu. Au fur et à mesure, j’ai eu beaucoup de visibilité. Je suis à l’aise devant la caméra. Déjà petite, vers 10 ans, j’avais une tablette. Je montrais mes vêtements devant la caméra et je parlais comme si j’avais des gens qui me regardaient. Ça s’est fait tout seul. J’étais bavarde.

« Tu mérites un mec comme moi »

Par exemple, je vais à Zara, j’achète des vêtements… Ce n’est pas les garçons qui vont me recopier ! Les garçons qui me suivent sur les réseaux, ce n’est pas pour mon contenu, c’est pour me draguer. Ça me saoule énormément car, des fois, je pense que c’est des filles. Mais non. Des fois, ils m’appellent sur Snap, même le matin, et me réveillent juste pour je leur réponde. Ils sont très bizarres et oppressants. Je ne réponds jamais quand c’est comme ça.

Ce n’est pas parce qu’on est connue sur les réseaux qu’on est forcément obligée de recevoir des messages d’hommes. Ils me disent des trucs trop bizarres genre « prépare-toi, je viens te chercher », « prépare-toi, on va à Dubaï », « tu mérites un mec comme moi ». Il y en a, ils m’envoient des photos et des vidéos d’eux en mode dans leur voiture avec de l’argent. J’ai déjà reçu des vidéos pornographiques…

Les mecs sont juste là pour me draguer

Quand c’est comme ça, je signale, j’insulte et je bloque. Des fois, il y en a qui sont polis, mais ils ont entre 30 et 40 ans. Ils peuvent avoir l’âge de mon père et ils viennent me parler ! Du coup, je ne réponds pas. Je n’en ai jamais parlé avec mes parents. Je n’en vois pas l’intérêt : c’est comme ça partout. Il n’y a pas que moi qui reçois ça dans mon groupe de copines.

Aux filles, je réponds tout le temps, même si c’est des petits « ça va ? » juste comme ça, ça fait plaisir. Je sais que c’est gentil. Envers les mecs, ce n’est pas de la méfiance, je n’ai juste pas envie. Ils sont juste là pour me draguer, comme dans la vraie vie !

Une communauté autour de moi

J’aime beaucoup l’intérêt qu’on me porte sur les réseaux : je reçois des messages de remerciements chaque jour, je redonne confiance à beaucoup de filles. Par exemple : « Ton haut vient d’où ? Tu es trop belle, tu me redonnes confiance en moi, partage-nous des conseils… » J’ai vraiment l’impression d’avoir une réelle communauté autour de moi. J’en ai déjà rencontré en vrai, dans des centres commerciaux. On me demande : « C’est toi qui fais des Stories ? »

Snapper tous les jours, c’est un vrai travail. Mais, pour beaucoup, c’est pris à la légère. Ce n’est pas si facile qu’ils ne le croient. Quand tu deviens connue, tu fais des shootings, tu as des rendez-vous, tu peux faire d’autres projets, il y a plein de voies qui s’ouvrent. J’espère que tout ça va m’arriver.

Charlotte, 18 ans, en formation, Noisy-le-Sec

Crédit photo Unsplash // Becca Tapert

 

Être une fille sur les réseaux

Plus de 7 femmes sur 10 victimes de harcèlement en ligne

73% des Françaises déclarent avoir été victimes de cyberharcèlement. Des agressions en ligne qui commencent très tôt : à 13 ans, une adolescente sur deux a déjà été harcelée sur internet.

Insultes, menaces de viol ou de mort, une dizaine de femmes cyberharcelées témoignent dans le documentaire Arte #SalePute, réalisé par deux journalistes belges.

Facebook, pire réseau pour les femmes

C’est sur Facebook que les jeunes femmes se sentent le plus vulnérables : 39 % d’entre elles ont été victimes d’abus sur ce site. Suivent dans l’ordre Instagram (23 %), WhatsApp (14 %), Snapchat (10 %), Twitter (9 %) et TikTok (6 %).

Et souvent, ces plateformes n’agissent pas : 92% des contenus sexistes signalés n’ont jamais été supprimés.

 

Des conséquences psychologiques importantes

61 % des femmes victimes de harcèlement en ligne ont affirmé que cela avait provoqué une baisse de l’estime de soi ou une perte de confiance en soi.

Plus de la moitié (55 %) ont souffert de stress, d’angoisse ou de crises de panique après avoir été la cible de violences ou de harcèlement en ligne.

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