Keylla C. 12/05/2025

Temps d’attente : inestimé

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Regarder l’heure. Espérer voir le car arriver. Que tout se passe comme prévu. C’est le quotidien de Keylla pour aller au lycée. Là où elle habite, se déplacer, c’est toute une organisation.

Le matin, je me lève à 6h30 pour prendre le car. Je sors de chez moi à 7h35 au plus tard et je l’attends. Il doit venir vers 7h43. Mais quand il est 7h50 et qu’il n’est toujours pas passé, on commence à s’organiser avec mes amies. On regarde quel parent peut et on se répartit dans les voitures. En général, on a besoin de deux voitures pour toutes nous emmener. Quelques fois, on a de la chance et le car finit enfin par passer. J’ai arrêté de compter le nombre de fois où il a été en retard ou tout simplement absent depuis le début de l’année.

J’habite à Mériel, une petite ville où presque tout le monde se connaît. Le « bas » de Mériel, c’est le centre où il y a tout. Mon ancienne école primaire, la Poste, la pharmacie, une supérette, un opticien, un petit salon de coiffure, un bar tabac. Il y a donc beaucoup de choses, sauf le plus important : les transports. Nous n’avons aucun bus mis à part le car scolaire. Nous avons une gare… mais tout est galère ! 

Rentrer à l’heure, si le chauffeur le veut 

Le car scolaire passe à certaines heures seulement : deux fois le matin et de 15h30 à 17h40 l’après-midi. Quand on commence tard, on doit trouver un autre moyen d’aller en cours ou prendre le bus de 9h30, mais ça nous oblige à faire des heures de permanence.

Tous les jeudis, je termine à 15h30. À chaque fois, il est en retard. Il passe par Méry-sur-Oise avant Mériel. Je suis l’avant-dernier arrêt, je prends une heure pour rentrer. 

Un jour, le car de 15h50 est arrivé vers 16h10. Il devait aussi faire la tournée de 16h40, et donc retourner au lycée. À 16h20, il lui restait encore quelques arrêts de Méry et tout Mériel. Il s’est rendu compte qu’il ne pourrait pas tout faire et a demandé à tous ceux de Mériel de descendre au prochain arrêt. Ce jour-là, j’ai dû rentrer à pied. J’habite en bas de Mériel, donc ça ne m’a pris que 30 minutes. Pour ceux qui habitent en haut, c’était beaucoup plus long, environ une heure. 

Au rythme de Citymapper

Le train passe aussi à Mériel. Mais ce n’est pas très pratique parce qu’il n’y a plus d’accueil depuis des années. Si on a des questions à poser, qu’on veut régler un problème, il faut aller dans une autre gare. 

Tous les samedis matins, je prends le train pour aller à « PQPM », le programme égalité des chances dans l’accès aux études supérieures de l’ESSEC. Je le prends aussi pour faire des sorties avec des amis aux 3 Fontaines, un centre commercial à Cergy.  

Sur le quai, il n’y a que deux voies. Sur la première, le train passe toutes les heures. Sur la deuxième, toutes les 30 minutes. Je ne l’ai encore jamais raté, mais j’ai souvent failli. Le nombre de fois où je me suis mise à courir…

J’utilise l’application Citymapper pour organiser mes trajets. La veille, je regarde quel trajet je peux prendre et s’il va passer, quand il y a des grèves. Le matin, je regarde à nouveau, au moins deux ou trois fois, pour être sûre que mon train n’est pas retardé. 

Plus tard, je voudrais faire mes études supérieures à Paris. J’ai regardé les transports à prendre et le temps de trajet jusqu’aux universités où j’aimerais aller, comme l’université Paris-Nanterre. Je crois que c’est la plus proche de chez moi. Je devrai faire un peu plus d’une heure de trajet à l’aller, et aussi au retour. Si je ne compte pas les possibles grèves, annulations ou retards. On m’a conseillé de trouver un logement sur Paris, pour plus de simplicité. 

Keylla, 17 ans, lycéenne, Mériel

Crédit Photo Unsplash // CC Amel Majanovic

 

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