Louise S. 30/07/2025

Toujours d’attaque !

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Louise, 13 ans, vit dans une famille de chasseurs. Tous les week-ends, elle arpente sa région en tenue kaki. Ses amis, ses sorties, tout tourne autour de la chasse.

Un samedi matin, avant le lever du soleil, je prends mon petit-déjeuner avec ma mère, mon père et mon frère. Oscar, mon braque français, attend désespérément qu’une miette tombe de la table pour pouvoir l’engloutir. Pourtant, il vient déjà de manger une bonne gamelle de croquettes, parce qu’il en faut des forces pour aller à la chasse !

9 heures pétantes. Ma mère et moi on sort de la maison, habillées intégralement de vert kaki, avec la petite casquette orange fluo obligatoire, pour la chasse aux gibiers à plumes. Mon chien est tout content d’aller courir et chasser les bécasses. Mon frère et mon père, eux, sont déjà partis faire le pied avec mes cousines et mon tonton. Faire le pied, c’est quand on parcourt les champs fréquentés par les sangliers avec des chiens pour repérer les traces fraîches. 

Se lever tôt le week-end, côtoyer des gens de tous les âges, voir des armes, subir des remarques… Quand on pratique la chasse, on en voit de toutes les couleurs ! Dans ma région, elle réunit et divise. Elle est critiquée mais aussi complimentée. Pour moi, la chasse c’est familial. Elle resserre nos liens et me permet de passer du temps dehors. 

Observer la nature en famille

Bien sûr, je ne possède ni arme à feu ni permis parce que je n’ai pas l’âge. J’accompagne seulement mes parents. Je les suis dans la nature et j’en apprends beaucoup sur l’environnement grâce à ça. Je vais souvent avec ma mère et mon grand-père dans la sapinière à côté de chez nous ou aux alentours de Pont-de-Buis-lès-Quimerch. C’est une commune avec énormément de zones marécageuses, de champs et de forêts propices au développement de la bécasse et du faisan.

Les matins sont souvent brumeux et humides. Le soleil nous permet de voir de nombreux animaux. Une fois, avec ma mère, nous étions dans une petite forêt quand, d’un coup, un grand roncier s’est mis à bouger. On a entendu le reniflement d’un sanglier. Plus tard dans la journée, mon père l’a tué.

Croiser les « anti-chasse »

Mon père, lui, chasse essentiellement le sanglier, avec ses 24 brunos du Jura, des grands chiens noirs et marron avec de longues oreilles pendantes. Ça s’appelle la chasse aux chiens courants. Il y a beaucoup d’action. Vers 13 heures, il y a le rond de battue, un moment où mon oncle, le président de la société de chasse, répète les règles de sécurité et explique où vont se placer les postés. Ce sont les chasseurs qui ont le fusil, ceux qui vont essayer de tirer l’animal. Et puis il y a les gens comme mon père ou mon cousin, qui préfèrent accompagner les chiens dans « l’attaque ». C’est à ce moment-là qu’il nous arrive de croiser des personnes anti-chasse.

Ces personnes sont souvent violentes ou très impolies. Elles peuvent nous insulter ou même nous courser avec des ciseaux pointus ! Elles croient aux nombreux préjugés qui existent sur nous, comme le fait que les chasseurs boivent énormément d’alcool ou qu’on chasse pour le plaisir de tuer. Parfois, elles nous disent tout ça en face, mais je le lis aussi dans des articles ou l’entends dans des vidéos.

Pour moi, c’est l’inverse. Les chasseurs respectent les règles, car ils ont conscience que cette activité peut être très dangereuse. La chasse existe depuis plusieurs millions d’années. Sans nous, les espèces en surpopulation, comme le sanglier, dérégleraient tout le système de la nature. 

Mais la chasse ce n’est pas que ça non plus. C’est aussi et surtout un moment de retrouvailles et de partage avec ma famille et d’autres chasseurs qui sont devenus nos amis. Ça nous permet de côtoyer des gens de milieux et de genres différents. Des gens de tous les âges, de 6 ans à 75 ans. Contre toute attente, il y a autant de jeunes que de personnes plus âgées. Nous sommes tous réunis autour d’une même passion.

Louise, 13 ans, collégienne, Finistère

Crédit photo Unsplash // CC Fredrik Öhlander

 

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Mes nuits blanches pour des parties de chasse, par Miguel, 15 ans. Dans la famille de l’adolescent, chasser est une tradition. Chaque week-end, dès 6 heures du matin, il traque le gibier avec son père.

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