Tout faire, à la place de son frère

Je dois tout faire à la maison bien que mon frère de 18 ans y vive aussi. Je trouve qu’il n’est pas assez autonome. Je range ses affaires et lave sa vaisselle. J’aide aussi ma mère à passer l’aspirateur ou encore à étendre les machines. Lui ne participe presque pas à ces tâches. Ça fait trois ou quatre ans maintenant que cette situation s’est installée. Je me rends compte que ce n’est pas forcément normal.  

Le plus souvent, ça m’énerve de devoir tout faire. Mon frère ne va plus au lycée et rentre tôt du travail. Quand je rentre des cours, je dois souvent effectuer des tâches alors qu’il est présent et peut s’en occuper. Je dois, par exemple, laver la vaisselle qui traîne.

Cette situation est fatigante au quotidien, surtout émotionnellement. Ça devient lourd à force de faire plusieurs choses tout le temps. Surtout si c’est pour faire le « travail » des autres. Je me dis qu’il est grand, que ce n’est plus un enfant. Il peut donc tout faire tout seul et n’a besoin ni de mon aide ni de celle de ma mère. 

Rien ne change

Souvent, je me plains auprès de ma mère ou encore de mes tantes, mais rien ne change. Alors, quand je n’en ai vraiment pas envie et que j’en ai marre, je décide de ne rien faire. Dans ce cas, soit ma mère me fait des remarques, soit elle ne dit rien et fait les choses à ma place. Ça dépend des moments.

Pour mon frère, tout va bien. Il ne ressent pas de différence entre nous deux. J’en ai déjà parlé à ma mère. Elle lui fait parfois des réflexions mais pas tout le temps. Elle lui dit de faire des efforts et de nous aider parce qu’« on a pas besoin de tout faire pour lui ».

Il est habitué à ça. Habitué à ce qu’il n’y ait rien à faire et que quelqu’un fasse tout à sa place. Pendant qu’il passe son temps dans sa chambre à jouer, ou à sortir.

Il y a d’autres inégalités entre nous. Ma mère ne dit rien à mon frère ou très peu sur ses mauvaises fréquentations, ses actions ou encore le fait de sortir tard constamment. Moi, à la moindre petite chose, je reçois un reproche, et je dois rentrer vite et tôt.

Ces inégalités-là sont moins importantes aujourd’hui, mais elles sont encore présentes. Pour ce qui est des sorties et des heures auxquelles je dois rentrer, je trouve que je suis plus libre qu’avant. Pour ce qui est de la répartition des tâches, rien n’a changé. 

Marie, 16 ans, lycéenne, Asnières-sur-Seine

Crédit photo Pexels // CC Meruyert Gonullu

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