Tout se vend, tout s’achète
Dans ma vie, j’ai vendu des vélos, des AirPods, des sneakers et mille autres choses. En ce moment, je suis dealer de montre. Mais tout est légal !
Ma passion du commerce est venue pendant le confinement de 2020. Je regardais toute la journée la saga Fast and Furious, un film de voitures et de courses de rue. Petit à petit, une idée a commencé à surgir : moi aussi, je voulais avoir ce genre de véhicules. Dans ma tête d’ado (j’avais 13 ans à l’époque), une idée est née : m’acheter un jour une Chevrolet Camaro. Mais très vite, j’ai compris qu’une bagnole comme ça coûtait un bras. Il fallait donc – épisode 2 de ma saga à moi – que je trouve comment amasser de la thune. C’est comme ça qu’est née ma carrière de commerçant en ligne.
Je commence à me renseigner sur YouTube et je tape « comment gagner de l’argent » dans la barre de recherche. Un peu basique comme démarche, mais il faut bien commencer par quelque chose. En fait, les réponses que j’obtiens sont des idées qui ne marchent pas. Je vois des annonces de traduction sur Fiverr (Leboncoin pour services), des tutos pour créer des chaînes YouTube, ou des formations. J’essaye quand même : je lance une chaîne sur le Rubik’s Cube en mettant des vidéos de ma collection et je m’inscris pour faire des traductions en ligne parce que je suis bilingue en Espagnol. Ces idées de business font flop. J’ai cinq visiteurs sur ma chaîne YouTube, et zéro demande pour mes traductions. Je me disais bien que ces conseils étaient bidons. Faut donc que je trouve autre chose pour coffrer les 30K nécessaires à l’achat de la caisse de mes rêves.
Acheter, revendre. Simple, basique
C’est là que l’idée de la revente me vient : acheter un truc et le revendre plus cher. C’est simple, c’est basique, c’est le commerce en fait ! Je mets en vente sur Vinted des vêtements que je n’utilise pas ou des objets qui ne m’intéressent plus. Je prends quelques sous. Des 10, des 30 ou des 60 euros au mieux. C’est pas la fortune, mais ça me donne le goût. Je me souviens encore de ma première vente : un jeu Star Wars, revendu 20 euros. J’étais enthousiaste, mais encore loin de mon objectif.
Il me faut inventer un moyen de gagner encore plus d’argent : il faut que je trouve des objets qui se vendent plus cher. Et je pense à un truc : parmi les choses que j’ai déjà vendues, il y a mon ancien vélo. Une vente facile, rapide et qui m’a rapporté 60 euros – mon record à l’époque. Alors je réunis mon coffre-fort de 200 euros et j’achète des vélos. Le premier, je l’achète 60 euros. Je le nettoie, et miracle ! je le revends deux fois plus cher en trois jours. Je continue : deux, puis trois puis dix. Je dois en être à au moins cinquante vélos revendus. J’ai même appris à les réparer pour les acheter encore moins chers et augmenter mon bénef. Mais les vélos, c’est fatiguant : je dois faire plein d’aller-retours pour les récupérer, je dois les réparer, les nettoyer… Alors j’en ai marre, et je me dis qu’il faut que je change d’objet.
Je cherche plus maniable, plus petit et de grande valeur : me voilà revendeur d’AirPods. C’est fabuleux, ça se vend vite, ça se vend cher et je me fais un bon bénéfice dessus. Mais je découvre aussi la contrefaçon à mes dépens : je me fais avoir, et mes évaluations diminuent sur Vinted et Leboncoin. Je suis naïf. Alors je passe à autre chose : des Air Force 1, des chaussures de sport. Mais j’abandonne vite, car beaucoup de personnes en vendent déjà. Le marché est blindé, il y a trop de concurrence. Retour à la case vélo. Mais sans passion.
Quand j’ai recompté les billets, j’étais Jeff Bezos
Alors je cherche encore, et je tombe sur ma passion de maintenant : les montres. Dans les montres, j’aime tout : leur complexité mécanique, leur beauté et le marché qui est vraiment rémunérateur. Mon plus beau coup, c’est une Tissot PRX avec de l’or. Un truc très bling-bling. Je l’ai achetée 400 euros et revendue 650 euros le lendemain. Le gars m’a payé en liquide. Quand j’ai recompté les billets, j’étais Jeff Bezos ! Treize billets de 50 qui glissaient entre mes doigts. Une fortune. Avec le temps, j’ai appris à expertiser les montres. Je connais le marché. Mon objectif c’est d’arriver à acheter une Tudor. C’est le stade au-dessus de Tissot. Ensuite j’essaierai une Rolex. C’est 5000 minimum de mise de départ, mais même ceux qui ont de l’argent ne peuvent pas en acheter une neuve à cause des listes d’attente. Alors le marché de la revente est prometteur.
Depuis mes premiers pas dans l’achat-revente, j’ai pu mettre un peu de côté, et faire quelques achats compulsifs aussi. J’ai pas encore assez pour m’offrir la Camaro de mes rêves, mais largement assez pour payer mon permis. Et de ça, je suis fier. En bon représentant de la génération Z, je maîtrise le business 2.0.
Et ça me fait rire quand mon père me raconte les petits commerces de son époque, quand il revendait des confitures avec sa cousine pour gagner des petits sous.
Théo, 18 ans, en formation, Paris
Crédit Freepik
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