Très jeune je me suis engagée pour une association
«Margaux, j’ai besoin de toi.» Cette phrase de mon père résonne encore dans ma tête. J’avais 10 ans. J’étais assise sur mon lit, mon doudou à la main. Il s’est assis sur ma chaise de bureau et m’a demandé de l’accompagner à une course caritative. Une amie à lui venait de perdre sa fille, qui s’appelait aussi appelée Margot. Elle était décédée d’une tumeur cérébrale à 14 ans. Dévastée par la colère et la tristesse, sa mère a créé l’association Enfant sans cancer afin d’accélérer la recherche de médicaments pour combattre cette maladie.
Le lendemain, départ à 14h pour rejoindre un parc près de Montmartre où allait se dérouler la première manifestation de l’association. Baskets chaussées, voiture garée, j’étais particulièrement motivée par la musique des Black Eyed Peas écoutée dans la voiture. Mais c’était la première fois que je rejoignais une association, j’étais un peu désemparée par la grandeur de l’endroit. Je n’étais pas très emballée. Peut-être parce que je ne connaissais personne.
Je me suis avancée dans une allée noyée de monde… Je me souviens qu’une dame m’a arrêtée pour me féliciter de donner de mon temps pour une si belle cause. Ravie de l’avoir rencontrée, j’ai avancé plus fièrement dans l’allée, avec mes petites jambes et mon regard innocent. Et le moment des témoignages est venu. Des parents attristés par la perte de leurs enfants se sont succédés sur l’estrade. Un moment dont je me souviendrai toute la vie : mes mains tremblaient et des larmes coulaient sur mon visage d’enfant.
Ma course, ma fierté
Est arrivé le moment fatidique de la course des 7 km. Je ne comprenais pas le but. Les membres de l’association m’ont expliqué que c’était pour soutenir les familles tristes en leur montrant que l’on était là. Au signal de départ, je suis partie dans les premiers. Mon père, très sportif, me tenait la main pour me montrer qu’il était là et surtout, pour ne pas me perdre dans la foule. Je pensais que l’objectif était de gagner la course et d’aller chercher la médaille. Je ne comprenais pas que l’on puisse rester derrière.
La course n’a pas servi à récolter de l’argent. C’était juste par solidarité. Mon père me répétait constamment qu’il était très fier de moi. Je ne répondais pas mais au fond de moi, je sentais monter la fierté. On a fini par reculer parce que le rythme était trop rapide pour une petite fille de 10 ans. Il n’y avait que des adultes autour de moi. J’étais quasiment la seule enfant. Les 7 km passés, le goûter dévoré, il était temps de rentrer. J’étais fatiguée, mais heureuse d’avoir fait ça avec mon père. Depuis, j’ai participé chaque année à cette course. Cela fait déjà 35 km parcourus pour soutenir la lutte contre le cancer.
Grâce à mon père, j’ai découvert le milieu associatif. J’ai finalement décidé de m’engager avec ma meilleure amie auprès de la Croix-Rouge. Je les connaissais parce qu’ils faisaient souvent la quête dans mon quartier, à Bois-Colombes. Quand j’étais petite, j’aimais trop leurs autocollants. Je m’étais dit que quand je serais plus grande, j’irais les aider. C’est chose faite : je vais bientôt devenir formatrice et aller dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes aux premiers secours. Je suis une des plus jeunes de l’association. Ça rajeunit l’image de la Croix Rouge. Et surtout, ça peut permettre de montrer qu’on n’est pas obligés d’être vieux pour s’engager dans une association !
Margaux D, 15 ans, lycéenne, Bois Colombes
Crédit photo Pxhere // CC0