Zoé F. 30/09/2024

Son nude sur Instagram

tags :

À la demande de son premier copain, Zoé a envoyé une photo de sa poitrine dénudée sur Snap. Elle ne se doutait pas que celle-ci allait faire le tour des lycées de sa ville.

« Zoé, ta photo est sur Insta. Tout le monde l’a vue. » Une copine m’envoie ce message un soir. Je suis dans mon lit, peinarde, en train de zapper à la télé. À ce moment-là, j’ai un sentiment de honte qui monte. Je me sens vide. Comme si je n’étais plus là. Comme si le temps s’était arrêté.

Cette photo de moi, la poitrine dénudée, je l’avais envoyée à mon copain. Alors, prise de panique, je réponds à ma copine : « Non, ce n’est pas moi. » Et puis je me reprends. Bien sûr que c’est moi ! Je sens la honte qui m’envahit de plus en plus. 

Deux mois auparavant, j’avais rencontré un garçon grâce à une copine. Nous avons immédiatement accroché. Nous avons parlé pendant trois longues semaines puis nous avons décidé de nous mettre ensemble. On a commencé a avoir des sentiments l’un pour l’autre. C’était mon premier copain, je n’y connaissais rien. 

Au bout d’une semaine de relation, un soir, vers 22h30, il me demande d’envoyer une photo de ma poitrine dénudée. Il me dit que toutes les personnes en couple font ça, que c’est normal. Je suis gênée mais il réussit à me convaincre. Moi, naïve, j’envoie donc cette photo. Il la regarde et l’enregistre dans notre conversation Snap. Je me dis que ce n’est vraiment pas normal. J’ai un coup de chaud. Il me dit de ne pas m’inquiéter, que personne ne la verra.

Chantage 

Le lendemain, il voit un pote à lui que je connais. Ce pote ouvre le téléphone de mon copain et il voit ma photo. Il l’a prend en photo avec son téléphone et puis la poste sur un compte Insta créé spécialement. Il donne mon nom, mon adresse. Un an plus tôt, il avait déjà fait cela à une autre fille que je connaissais. 

Ce type, qui s’appelle Henry, crée ensuite des comptes sur Snapchat avec cette photo et me fait du chantage. Il me demande d’envoyer d’autres nudes, sinon il racontera des choses sur moi, lancer des rumeurs. Je lui réponds : « Non, je ne ferai pas la même erreur. Tu n’as qu’à raconter ce que tu veux. » Il crée donc des comptes. Tous les lycées de Salon-de-Provence les voient. Ma cousine, qui est plus âgée et qui fréquente un autre établissement, me dit que tous ses amis ont vu la photo. 

Quand j’apprends ça, les battements de mon cœur s’accélèrent. J’ai chaud, je pleure. Je vis un cauchemar. Je ne savais pas que ça pouvait exister. J’appelle mon copain immédiatement. Deux jours plus tard, mon copain va chez lui pour crever les pneus de sa moto. 

Un soir pendant le repas, je prends mon courage à deux mains et je dis à ma mère : « Il faudrait qu’on parle. J’ai fait quelque chose que je n’aurais jamais dû faire et maintenant, tout le monde en parle, tout le monde voit. » J’avais ce sentiment de honte, d’avoir déshonoré ma famille. 

Alors c’est sûr, ma mère m’a fait une leçon de morale. Mais elle m’a aussi tout de suite réconfortée et promis que tout allait s’arranger. Je lui ai alors dévoilé qui était le garçon qui avait publié la photo. Il se trouve qu’elle connaissait son père. Elle a alors décidé de le contacter. 

Peur du regard des policiers

La semaine d’après, ma mère m’a accompagnée devant le commissariat pour porter plainte. Je me sentais vide. Je savais qu’on allait me poser plein de questions. Je ne me sentais pas de le raconter une énième fois. Je n’avais pas la foi de revivre ça, et j’avais peur des regards que les policiers auraient sur moi. Arrivée devant le commissariat je me suis arrêtée et j’ai dit à mère que je n’avais plus envie d’y aller. Nous avons fait demi-tour.

Aujourd’hui, je subis les regards quand je passe devant les lycées. On me regarde de haut en bas, on me juge. Avec mon copain, nous ne sommes pas restés ensemble après cette histoire. Nous nous croisons de temps en temps, mais je n’ai aucune rancœur contre lui. À ce que je sache, il ne demande plus de nude à des filles. Je pense qu’il a compris que tout ceci peut aller très loin juste avec une maudite photo.

Zoé, 18 ans, lycéenne, Salon-de-Provence

Crédit photo Unsplash // CC Robin Worrall

 

À lire aussi…

Jamais entendu parler de consentement, par Julie, 16 ans. Questions intrusives, propositions insistantes et chantage : son copain lui en demandait beaucoup. Trop. Elle, elle ne savait pas comment dire non.

 

 

Partager

Commenter