Ilham A. 07/05/2025

Une garde rapprochée à la maison

tags :

Ihlam a grandi avec six frères. Ils la protègent et veillent à ce qu'elle ne manque de rien.

Avec six hommes à la maison, j’ai grandi en étant surprotégée. Je suis fille unique dans une famille recomposée. J’ai un petit frère, un grand frère et quatre grands demi-frères qui ne vivent pas avec moi. Je n’ai jamais manqué de rien. J’ai reçu beaucoup d’amour de leur part. 

Grandir avec beaucoup de garçons a joué un rôle dans mon enfance. Plus jeune, j’ai commencé le karaté. C’était pour moi une évidence, car trois de mes frères et mon père avaient pratiqué ce sport. C’était une thérapie pour moi, un moyen d’extérioriser. Puis, c’est devenu une passion. 

Mes frères m’accompagnaient à mes compétitions où ils me soutenaient. Ils m’entraînaient et me préparaient à combattre face à n’importe quel adversaire. Quand je regarde mes trophées dans ma chambre, j’ai des flashbacks de ces entraînements où ils me répétaient « gauche, droite, droite, gauche… ».

« J’étais la princesse »

Dans la cour de récréation, je disais que j’avais énormément de frères et ça impressionnait les autres. Ça leur faisait même peur. Les gens avaient le stéréotype des grands frères arabes, méchants et violents avec toutes les personnes qui s’approchaient de moi. Ce n’était pas le cas, mais je m’en servais comme un bouclier. Avec eux, je me sentais en sécurité.

J’étais aussi la princesse. Celle qui ne devait manquer de rien. Je savais que je pouvais compter sur eux à chaque instant. Que ce soit moralement ou physiquement. Par exemple, lorsque je voulais une nouvelle paire de chaussures, ou toute autre chose matérielle, mon père cédait à mon « caprice ». Lorsqu’il fallait faire quelques courses, un d’entre eux se proposait d’aller les chercher pour ne pas me fatiguer.

Cette position dépassait même la maison. Comme mes frères étaient respectés dans mon quartier, on me respectait aussi. J’étais la petite sœur de mon quartier. J’y ai vécu mes meilleurs moments et mes meilleurs souvenirs. 

Avec les garçons, c’est aussi particulier. Je n’ai jamais voulu avoir de copain. Ça ne m’intéresse pas. C’est sûrement parce que j’ai en tête, que, les seuls hommes de ma vie sont mes frères et mon père. 

Aujourd’hui, la relation avec mes frères a changé. Ils ont tous pris un chemin différent. On se voit moins, mais c’est pas pour autant que je les aime moins. Je sais que si je les appelle en cas de problème, ils répondront toujours présent. Un d’entre eux m’a d’ailleurs donné le rôle de tata pour ses enfants. Avec mes neveux, je suis tout sauf dure. Je cède à tous leurs caprices. Je reproduis sûrement ce que mes frères faisaient avec moi.

Ilham, 17 ans, lycéenne, Île-de-France

Crédit photo Pexels // CC Afta Putta Gunawan

 

À lire aussi…

Sur le terrain les âges et les quartiers se mélangent, par Modibo, 19 ans. Au milieu des barres d’immeubles, le terrain de foot où le jeune homme joue depuis qu’il est petit. Dorénavant, c’est lui et ses amis qui y dictent la loi : tout le monde peut jouer.

Partager

Commenter