Une mère envahissante
Elle nous appelait « mes filles ». Elle se comportait comme une seconde mère. En tout cas, c’est ce qu’elle nous disait. En fait, la maman de Zahira est entrée dans notre groupe de copines comme si elle avait notre âge.
Elle était là à toutes nos sorties dehors, au cinéma ou au restaurant. Elle s’imposait vraiment partout : au foot, au collège ou encore dans nos voyages. Elle trouvait toujours le moyen d’être avec nous. Elle était même en contact avec nous sur Tik Tok. On trouvait ça tout à fait normal. Mais en réalité, ça ne l’était pas.
Je l’ai remarqué la première, grâce à ma mère et mes sœurs. Quand je leur racontais des petites histoires qui se passaient, ma mère me résonnait. « Mais Salma, tu trouves ça normal qu’une maman reste avec vous ? C’est comme si, moi, je le faisais et que je parlais par message avec tes copines, c’est trop bizarre. » Après réflexion, elle avait raison de A à Z. Cette maman aurait dû respecter son rôle de mère et ne pas s’intercaler dans la vie d’autres enfants que le sien.
Maman-copine ou semeuse de trouble
Un jour, j’ai appris qu’elle avait dit à sa fille et à mes copines de ne pas manger mon gâteau d’anniversaire parce que j’aurais mis de la sorcellerie dedans. Quel genre de mère monte les copines les unes contre les autres comme ça ?
Nous étions toutes naïves à cette époque. Elle nous manipulait. Par exemple, elle parlait mal de mes copines et me disait de ne rien dire. Par derrière, elle faisait la même chose à mon égard. Un jour où on s’était embrouillées avec sa fille, elle n’a pas hésité à nous envoyer un message pour nous dire que Zahira voulait se suicider à cause de nous.
Au foot, notre entraîneur lui a interdit d’être présente à nos matchs et à nos entraînements. Elle prenait trop de place. Elle n’aimait pas certaines filles. Elle créait des embrouilles entre elles. C’était plein de petits vices comme ça.
Avec les autres parents, ce n’était pas pareil. On les respectait. On leur disait « bonjour » quand on les voyait. Sans plus. Aucun message ou numéro de téléphone n’était échangé entre nous. La maman de Zahira avait une relation spéciale avec nous. En fait, j’ai l’impression qu’elle essayait de revivre son enfance.
Salma, 16 ans, lycéenne, Gennevilliers
Crédit photo Unsplash // CC Mihai Surdu
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