Pierre N. 28/10/2024

Victime de racisme anti-asiatique

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Pierre est d’origine vietnamienne. Face aux remarques racistes, il s'est renfermé sur lui-même. Grâce à l'amitié, aux jeux vidéo et à l'humour, il a réussi à mettre ces attaques à distance.

« Va faire des chaussures ou retourne dans ton pays, sale Chinois de merde ! » Parfois, dans la rue, des ados m’interpellent pour me dire ce genre de choses. Je ne sais pas pourquoi ils me parlent de chaussures. Peut-être parce que dans les chaussures, c’est souvent écrit « made in China ». Pourtant, je ne suis pas chinois. Je suis français. 

Mes parents sont nés au Vietnam et se sont mariés là-bas. Ils sont venus en France il y a plus de vingt ans, il me semble. Je me suis souvent vexé, à l’école, quand les enfants disaient que la Chine, le Vietnam et le Japon étaient les mêmes pays.  

À cause de ces remarques racistes, je me suis renfermé sur moi-même. Ça me blessait. Ça me faisait comme des sortes de pic au cœur. Je me sentais comme un miroir que tu casses lentement. Je sentais des bouts de moi se fissurer petit à petit. Pendant un temps, je n’allais pas très bien. J’étais en pleine remise en question sur moi-même, en perte de confiance. 

Sauvé par l’humour noir

Heureusement, j’ai rencontré un garçon qui est devenu mon meilleur ami. Il m’a fait découvrir la joie de l’humour noir et il m’a aidé à oublier ces expériences grâce à l’autodérision. Avec lui, je me suis mis à jouer à des jeux vidéo comme League of Legends. Au fur et à mesure, j’ai réussi à oublier mes blessures.

Aujourd’hui, quand on me fait des remarques racistes, il arrive que j’ai des trous noirs. Dès le lendemain, j’oublie. En fait, je ne fais pas vraiment attention à ce que disent les gens. C’est un peu comme un jeu vidéo. Au début, tu es nul. Tu ne t’amuses pas. Mais à force de jouer, tu gagnes en expérience. Moi, c’est comme ça que je vois ma vie. Le racisme a été une étape dure à supporter, un peu comme un jeu FromSoftware, Inc. (Dark Souls, Elden Ring…). Maintenant, ces attaques coulent sur moi comme la pluie.  

Je trouve dommage qu’on ne parle pas du racisme anti-asiatique autant que du racisme contre les Arabes ou les Noirs. C’est plus banalisé. Peut-être parce qu’il y a moins d’asiatiques en France. J’aimerais qu’on en parle plus. Pour que ça change. Et pour ne plus avoir à revivre la même chose.  

Pierre, 16 ans, lycéen, Istres

Crédit photo Unsplash // CC Vinh Thang

 

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Le Slash Racisme : asiatique n’est pas une nationalité, par Marie et Pierre. Tous les deux subissent des remarques comme « Pak-pak » ou « Chintoks ». Selon eux, le racisme anti-asiatique est banalisé et trop peu dénoncé.

 

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