Swen B. 19/02/2020

Victime d’homophobie, j’ai dû changer de collège

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Au collège, Swen a subit les insultes homophobes et les moqueries des autres élèves, jusqu'à ne plus pouvoir le supporter.

L’année dernière, avec ma mère, on avait décidé que je changerai de collège. Nous avions déménagé dans un nouveau quartier de Paris. J’étais triste de quitter l’ancien et à la fois content… mais plus pour très longtemps. Le premier jour dans mon nouveau collège, je n’avais pas envie de direct montrer mon style, car les gens et leur critiques… Par contre, dès le deuxième jour, j’ai subi de l’homophobie : les gens m’ont demandé si j’étais « PD ».

Ça, je l’avais déjà entendu avant, dans mon ancien collège. Mais quand tu l’entends six fois dans la même journée et que l’on te parle mal car tout le monde pense que t’es gay, c’est difficile de se faire des potes et de faire comme si tout allait bien. Plus les jours passaient, plus j’entendais les gens parler sur moi. J’avais quand même des amis, sans eux ça aurait été plus difficile.

Tous les jours, mon prénom suivi d’insultes

Un jour où j’allais en cours, j’ai entendu derrière moi des gars crier « PD ». Quand on s’est retournés avec mes potes pour leur dire d’arrêter, ils ont fait comme si de rien n’était. Les insultes, c’était tous les jours : j’entendais mon prénom suivi d’une insulte homophobe ou des remarques sur mon style. Je « m’affichais » car je ne mettais pas de joggings. Mon style est un peu vintage, je m’amuse avec. Dans mon ancien collège, comme parfois je porte de la marque, on me traitait de petit riche. Je l’avais dit à ma mère qui était allée voir la principale, mais elle a juste répondu : « C’est des enfants, ils s’amusent. » J’étais tellement blessé. Parfois la nuit j’étais mal, très mal, et parfois je pleurais.

En 2019, SOS Homophobie a sorti son 23ème rapport annuel sur l’homophobie en France. L’association a présenté des chiffres inquiétants, notamment en milieu scolaire. Elle fait d’ailleurs de régulières interventions de sensibilisation à l’école, comme dans ce collège, à Nanterre.

La goutte qui a fait déborder le vase et qui m’a fait rechanger de collège, c’est quand un jour – la dernière fois où j’ai mis les pieds dans ce collège – les gars qui m’insultaient tout le temps (et d’autres) sont venus pour me frapper et me gazer à la sortie des cours. On a réussi à courir le plus rapidement possible et on a directement prévenu ma mère. Je n’en reviens toujours pas de leur méchanceté.

Je ne fais plus confiance aux gens

Ma mère nous a rejoints, et on est allés voir la directrice du collège. Elle a dit que c’était « des conflits entre élèves, ce n’est pas très grave ». Je me rappelle très bien de ses paroles car j’avais l’impression que pour la directrice, c’était normal.

Ma mère a déposé plainte, et elle a tout fait pour que je change de collège. Le nouveau est plutôt bien. Je pense que cette histoire, je m’en rappellerai toute ma vie. C’était si marquant et ça m’a blessé. Je pense que toute cette histoire a changé quelque chose en moi. Je ne fais plus confiance aux gens. Je n’ai, par contre, rien changé de mon style ou de ma personnalité.

Swen a des amis mais, face à l’homophobie, pas toujours facile de réagir. Arthur est hétéro et ça ne l’a pas empêché d’en souffrir, par amitié.

Ça m’a fait réfléchir sur l’orientation sexuelle : pourquoi se mettre dans des cases ? Pourquoi être hétéro c’est « normal » ? Tellement de questions se posaient dans ma tête. Être différent dans la société actuelle, c’est pas accepté. On m’a toujours dit de faire attention à moi, de ne pas écouter les gens. Mais quand tu changes de collège, que tu ne connais personne, que les gens jugent ton style, ta façon d’être et ta personnalité, c’est dur de ne pas écouter les insultes et les reproches. Mais on s’en fout, non ?

Swen, 14 ans, collégien, Paris

Crédit photo Unsplash // CC Grace Madeline

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2 réactions

  1. Honte a l’Éducation national et a cette directrice si cetait son enfant qui ce faisait gazer et frapper comme sa elle dirait juste ce nest pas tres grave

  2. Swen, 14 ans collégien, Paris. J’habite en Bretagne 35 Je te soutien avec ta maman, Bon courage, de gros bisous à vous

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