Violences conjugales entre femmes, j’en ai été victime
J’ai rencontré Tina au mariage de mon parrain. Elle portait un polo blanc avec un short gris. Quand je l’ai vue, je suis tout de suite tombée amoureuse. Elle avait 20 ans et moi 16. Nous vivions à 600 km l’une de l’autre, c’était trop dur pour nous voir. Donc je l’ai rapidement rejointe chez elle. On vivait dans un bel appartement sous les toits. Le premier mois, je vivais un vrai conte de fée. Des bouquets de fleur à chaque fois qu’elle rentrait… Après, tout a très mal tourné.
Un jour, elle est rentrée du travail. Un de ses collègues était avec moi à la maison, elle s’est mise à hurler et à me crier dessus. Elle demandait pourquoi il était là, elle disait que je couchais avec lui. Une fois seules, elle m’a frappée pour la première fois. Elle m’a juré que jamais plus elle ne recommencerait et, bien sûr, je l’ai crue. Mais plus le temps passait et pire c’était. Je n’avais plus le droit de voir mes amis ou même ma famille. Elle avait une emprise tellement forte sur moi. Elle me frappait tous les jours et moi je restais muette et soumise. J’avais tellement peur de parler et que cela devienne pire.
Elle a tenté de me frapper devant ma sœur
Au bout de six mois, je suis allée voir ma famille. Elle a très mal pris le fait que je ne lui demande pas la permission et m’a jeté trois bocks de bière au visage : « Casse toi salope ! », « Si tu prends ce train, je te fume. » Voilà les mots qu’elle m’a dit. Je suis quand même partie avec cette boule au ventre qui ne voulait pas me lâcher. Mais finalement je suis retournée auprès d’elle. J’avais trop peur des représailles. Heureusement pour moi, ma famille a compris qu’il se passait quelque chose. Ma sœur et ma belle-sœur sont venues me chercher.
Agathe et Lou est un court-métrage sur les violences conjugales dans un couple lesbien réalisé par Noémie Fy. On s’y retrouve confronté aux violences physiques et psychiques que Lou fait subir à sa compagne Agathe.
Quand elles sont arrivées, Tina hurlait : « Si tu montes, tu es morte t’es rien sans moi sale petite pute ! » Elle essayait de me frapper. Elle a tapé dans la voiture et a touché ma belle-sœur. J’avais tellement peur que je suis montée dans la voiture et je n’ai pas parlé durant les six heures de route. Ma sœur était folle de rage. Je suis restée trois semaines en Bretagne et je suis retournée là-bas. On pourrait croire que j’aimais cela. Mais non. J’ai cédé par peur tout simplement. Je suis restée trois mois de plus. Bien sûr, rien n’a changé.
Violée par ma copine, les flics ne me croient pas
Au contraire, tout était pire. Un jour, elle est rentrée du travail en colère, a mis sa main dans mon jean et m’a violée. Ensuite, elle m’a frappée plusieurs fois au visage très violemment. Ce jour-là, j’ai rendu pour la première fois ses coups. Elle a tenté de me tuer alors je me suis enfuie. J’ai trouvé refuge chez ma voisine. Elle m’a conduite à la gendarmerie. La bonne blague… Je suis arrivée en demandant de porter plainte mais ils ne m’ont jamais crue ! Ils ne m’ont jamais aidée. Tout ce qu’ils ont su me dire, c’est de ne pas la contrarier.
Eva a elle aussi subi des violences conjugales. Elle aussi a connu l’enfer du dépôt de plainte, et dit vivre avec la peur que personne ne la prenne sincèrement au sérieux…
Je me suis séparée d’elle, pour de bon cette fois-ci. Elle m’a harcelée durant trois mois avec des messages du style « je vais te retrouver, je vais te tuer, tu va payer tu vas voir ». Sans aucun doute la pire période ma vie… Je n’avais plus confiance en personne. Je me disais qu’elle avait raison, que tout cela était de ma faute, que je ne méritais pas de vivre. Ma famille ne m’a jamais lâchée quand j’ai voulu mettre fin à ma vie, ils étaient là.
Cette femme m’a brisée au plus profond de moi. Je ne suis plus jamais ressortie avec une fille : trop peur que ces violences conjugales recommencent.
Laureen, 19 ans, en formation, Brest
Credit Photo Unsplash // CC Molly Belle
Merci pour ton témoignage. Tu as mes soutiens !
Salut,
Merci pour ton commentaire poignant. Tu traverses une période difficile, mais tu n’es pas seule, et c’est important de te tourner vers des personnes qui te croient, qui t’écoutent et qui t’aident. On te conseille, dans un premier temps, de te tourner vers un·e professionnel·le de santé qui pourra t’écouter : infirmier·e, psychologue… Des consultations gratuites ont lieu dans toute la France dans les Centre médico-psychologique (CMP). Tu pourras trouver le centre le plus près de chez toi sur internet.
Tu peux aussi te rapprocher d’associations :
– Le 3919 : Les femmes victimes de violences peuvent contacter le 3919. Traite les violences physiques, verbales ou psychologiques, à la maison ou au travail, et de toute nature (dont les harcèlements sexuels, les coups et blessures et les viols).
À noter : Ne traite pas les situations d’urgence (ce n’est pas un service de police ou de gendarmerie).
– La plateforme https://arretonslesviolences.gouv.fr/
Sur cette plateforme, 24h/24, 7 jours/7, des policiers et des gendarmes formés prennent des signalements et peuvent déclencher des interventions en cas de violences conjugales.
– Le Collectif féministe contre le viol (CFCV) : Le Collectif Féministe Contre le Viol vise à aider et soutenir toutes les personnes victimes de violences et d’agressions sexuelles, sous toutes ses formes (viol, agressions sexuelles et harcèlement sexuel). Il gère une permanence téléphonique à destination des victimes de viols et d’agressions sexuelles : Le 0 800 05 95 95 « VIOLS–FEMMES–INFORMATIONS ». Numéro vert, gratuit depuis un poste fixe en France et dans les DOM et TOM, ce numéro est accessible du lundi au vendredi, de 10 h à 19h (heures Paris).
http://www.cfcv.asso.fr
– En Avant toutes : En Avant toutes est une association agissant principalement auprès des jeunes pour sensibiliser et changer les comportements sexistes. Elle gère un tchat ouvert selon les horaires suivants : les lundi et mardi de 15h-17h, le mercredi de 14h-18h, les jeudi et vendredi de 15h-21h.
– Le planning familial : présent dans toute la France, permet de rencontrer un·e infirmier·e et organise des groupes de parole pour les victimes de violences sexuelles.
– PARLER : une association présente dans les grandes villes qui organise des groupes de paroles entre victimes de violences sexuelles.
– Viols Femmes Informations : numéro d’écoute et d’aide (0 800 05 95 95, gratuit, ouvert du lundi au vendredi de 10h à 19h).
– Info Suicide : numéro d’écoute et d’aide (01 45 39 40 00, gratuit, 24h/24 tous les jours).
– Si tu habites à la campagne ou dans une petite ville, on te conseille de consulter ce document qui répertorie toutes les associations locales : https://docs.google.com/document/d/1lAa25mqVYlPWnkOwb2xJUyrqT1VCwZdR9kV1FVVbkqE/edit
On te souhaite beaucoup de courage.
L’équipe de la ZEP
Je vie la meme chose… ça fais plus d’un an que je me sens prisonnière de cette relation.
Elle me fait vivre l’enfer et j’ai personne. J’ai pas de famille j’ai plus d´amis elle m’à brisé les seule amitiés que j’avais. Elle a ma carte bleu. J’ai plus de téléphone elle a casser mon ordi. Je peux parler à personne. Je peux pas bouger d’ici et supporter ses insultes rabaissement tout les jours. Elle me menace … j’en peux plus.
Bravo pour ton témoignage
Merci pour ce témoignage. C’est rare de les lire ou entendre, dans les couples lesbiens, et pourtant, ça existe sans doute plus souvent qu’on ne veut bien l’admettre.
Bravo d’être partie, ça demande beaucoup de courage !