Je vis mieux sans TikTok
Ça fait bientôt huit mois que je ne suis plus trop sur les réseaux sociaux, et je n’en suis pas morte. Ça ne me manque pas de voir ces vidéos, de 30 secondes à 3 minutes, accompagnées par la dernière musique à la mode. « Oh, une personne qui danse ! » ; « Oh, une personne qui joue avec son chien ! » Honnêtement, qu’est-ce que je rate ?
Je me suis inscrite sur TikTok et Insta pour faire comme tout le monde, pour plaire à tout le monde. J’ai suivi le troupeau. TikTok, pour moi, c’est l’application du mal-être et de la perte de temps. Quand on lance une vidéo, on juge l’esthétique avant de s’intéresser au fond. L’esthétique est basée sur des critères de beauté, des critères superficiels, accentués par de nombreux commentaires, souvent ignobles, et majoritairement anonymes.
Plus je scrollais, plus je me comparais
Au collège, le regard des autres était une obsession pour moi. « À quoi est-ce que je ressemble ? » ; « Est-ce que je suis bien coiffée ? » ; « Est-ce qu’on me regarde ? » Voilà des questions que j’ai pu souvent me poser. Sur TikTok et sur Instagram, je scrollais, scrollais, et scrollais encore. Je suivais des filles qui racontaient leur vie de rêve, avec des voyages aux Maldives, qui exposaient leur corps parfait en maillot de bain. Une vie bien différente de la mienne.
Voir les photos de ces filles avait des effets sur moi. Moi qui suis petite, brune, un peu grosse. Au fur à mesure que je scrollais, je me comparais. Et je me trouvais de plus en plus de défauts : des rondeurs, de grosses joues, un nez pas parfait, etc. Au point que j’ai failli perdre toute estime de moi.
J’ai lâché mon téléphone
Quand le confinement est arrivé, j’ai appris à m’écouter. Je me suis mise à passer plus de temps en famille, avec ma sœur et mes parents. Je me suis détachée de mon téléphone. Et j’ai coupé les ponts avec des relations néfastes, dans la vraie vie comme sur les réseaux.
Tous ces influenceur·euses qui ne correspondaient plus à mes idéaux et à mes valeurs se sont retrouvé·es avec une abonnée en moins. En fait, j’ai arrêté de subir ce qui était à la mode pour m’abonner à des créateur·rices de contenu qui parlaient de choses qui m’intéressaient vraiment.
Désinstallation de TikTok
Fin seconde, avec ma meilleure amie, on s’est lancé un défi : passer une semaine sans réseaux. Là, j’ai réalisé qu’on pouvait faire tellement de choses quand on ne passe pas tout son temps sur son téléphone ! J’ai même désinstallé TikTok.
La nuit, Mathéo scrolle sur TikTok longtemps, malgré la fatigue. Du temps perdu, selon lui. Mais il n’arrive pas à décrocher.
J’ai aussi passé mon téléphone en noir et blanc. Tout ce qui apparaît sur mon écran est en monochrome. Ça rend mon téléphone moins attrayant, et ça me permet de m’en détacher au maximum.
Malgré tout ce que je viens de dire, je reste persuadée que les réseaux sociaux peuvent être une ressource incroyable. Ils m’ont permis d’apprendre au quotidien, de m’informer, avec par exemple des vidéos de décryptage politique ou de développement personnel. Pendant le confinement, ils m’ont permis de garder le lien avec mes grands-parents et le reste de ma famille. Donc, les réseaux sociaux peuvent aussi transmettre de l’amour, du bonheur et être utiles. Tout dépend de l’utilisation que l’on en fait.
Flore, 16 ans, lycéenne, Carvin
Crédit photo Pexels // CC cottonbro
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Ces chiffres sont alarmants, et la Grande-Bretagne n’est pas un cas isolé. Aux États-Unis, 60 % des ados ont des pensées suicidaires à cause des images qu’elles et ils voient sur Insta.
* chiffres issus d’une étude confidentielle menée par Instagram sur des ados du monde entier