ZEP 04/11/2021

VIDÉO - Femme à la rue, j’en ai fait mon combat

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Camille s'est reconstruite après la rue et a créé une association par et pour les femmes qui vient en aide à celles qui vivent la même situation.

Quand on est une femme aujourd’hui en France, d’autant plus quand on est une femme SDF, on est comme effacée de la société. Parce qu’on ne parle pas, et parce qu’on ne nous voit pas. Bien souvent, ces femmes sont cachées. Elles ne disent pas qu’elles sont dans le besoin.

Pour elles, j’ai fondé l’association Tendre la Main. On vient en aide aux plus précaires, aux migrants, aux femmes et aux hommes de tous âges et de tous horizons. On fait des maraudes, principalement le weekend, partout dans Paris et à Pantin, dans le 93.

Pas ou peu de structures dédiées aux femmes SDF

J’ai vécu des violences conjugales. C’était pas des petites claques, c’était des « je te brûle avec une cigarette, je te mets des coups de pied dans la tête »… et tout ce qui va plus loin. Du coup, un jour, je me suis dit dans ma tête : « Camille, t’as pas envie de mourir, t’as envie de vivre. T’as 18 ans, 19 ans ! » Le seul moyen, c’était de partir, du jour au lendemain. J’ai pris toutes mes affaires, je me suis retrouvée à la rue.

J’ai vécu pendant un an et demi entre la rue, les hôtels sociaux et les CHU, les centres d’hébergement d’urgence. Il faut savoir qu’à 19 ans, quand on est à peine sortie de la majorité, bah on se rend compte qu’il y a peu de structures faites uniquement pour les femmes. Il existe bien les CHRS, les centres sociaux d’hébergement et de réinsertion, mais ils sont mixtes.

Mais quand des femmes se retrouvent à la rue, c’est souvent parce qu’elles ont vécu des violences au sein de leur foyer ou de leur famille. Des viols, aussi. Moi, j’étais dans un foyer pour des jeunes filles entre 18 et 25 ans ayant vécu des violences sexistes et sexuelles. Je suis restée là-bas un peu plus d’un an, le temps de me reposer, de me reconstruire.

Une association féministe et antipatriarcale

J’ai passé un diplôme de CAP serveuse, que j’ai obtenu. Maintenant, j’ai 24 ans et j’ai mon propre appartement. Mais ça a quand même pris du temps. J’ai donc créé cette association, qui est une association féministe et antipatriarcale : il n’y a pas d’hommes, et elle est dirigée par des femmes. Et ça, je l’assume entièrement, c’est voulu. C’est pour dire : « Sans vous, les hommes, on peut s’en sortir, on peut faire des choses. » Mais on ne déteste pas les hommes, c’est faux !

Nos maraudes, elles sont sociales, mais elles sont aussi à la fois humaines. On veut faire passer un message au gouvernement. Nous, femmes féministes, on peut créer des associations pour les femmes, mais aussi pour les hommes. Parce qu’on les aide aussi, mais d’une autre manière.

Les hommes sont omniprésents dans la société. Les plus grands PDG, aujourd’hui, ce sont des hommes.
Ils dirigent aussi énormément d’associations, et du coup j’ai l’impression qu’ils pensent plus aux hommes qu’aux femmes. Ils vont se dire, « une femme qui  a besoin d’une protection hygiénique, bah c’est pas grave, elle va aller ailleurs. »

Mais pas du tout ! Quand on voit les Restos du cœur, par exemple, ils n’en ont pas. C’est juste un repas et basta. Il n’y a pas cette chaleur humaine, et ce petit truc en plus, qui nous fait dire  : « on va penser aux femmes parce qu’elles ont besoin de protections hygiéniques, elles ont besoin de cette attention-là ».

La grande cause du quinquennat ? Plutôt un grand fiasco

Quand monsieur Édouard Philippe était encore là, j’ai été au Grenelle des violences conjugales,  et c’est un grand fiasco. On le voit très bien. Le 16 octobre 2021, on en était à 94 féminicides recensés depuis le début de l’année. En 2020, il y en a eu 102. L’année précédente, en 2019 : 152. Ce qui est énorme, alors que c’était sa grande cause du quinquennat. Mais encore une fois, ce sont des paroles en l’air, et on voit qu’il n’y a rien qui est fait.

Écologie, harcèlement de rue, jobs étudiants, racisme, politique… les facecams de la ZEP sont à retrouver en intégralité sur le site et sur notre chaîne Youtube !

Cinq jeunes posent devant notre caméra, notre logo incrusté à leurs pieds.

Moi, j’aimerais bien, si monsieur Macron m’entend, qu’il mette de l’argent sur la table et qu’il fasse des structures uniquement pour les femmes. S’il y a plus de structures non-mixtes, pour les femmes entre 18 à 60 ans, je pense qu’elles accepteraient d’être hébergées. Et ça sauverait tellement de vies.

Il faut qu’on soit entendues.

Camille, 24 ans, engagée, Pantin

Musique : Kiala Ogawa

Réalisation : Elliot Clarke / © ZEP

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