À 19 ans, je choisis de me marier
Une histoire d’amour m’a mise dans tous mes états. De l’autre côté, c’était les montagnes russes avec ma mère. En août 2019, j’ai 16 ans. C’est la première année où je ne pars pas en grandes vacances au Liban à cause du Covid.
Je rencontre dans la rue, par hasard, un homme qui m’aborde. Un Marocain de 23 ans qui sait ce qu’il veut. Un gros coup de cœur ! Il est grand de taille, musclé, avec une barbe. Je suis surprise, timide, et contente à la fois. Alors, on fait connaissance. Je sens que c’est sincère entre lui et moi. Je ne réalisais pas totalement que l’âge allait créer autant de problèmes dans ma famille. Mais je me considérais comme une femme responsable qui allait, bientôt, être majeure.
Après quelques mois de relation, j’étais prête à annoncer à ma mère que je parlais avec lui. Elle s’est directement braquée : « Si tu acceptes sa demande, toi et ta famille, c’est terminé. »
Je voulais que ma mère me fasse confiance
Pour moi, ma mère, c’est une femme ouverte d’esprit. Elle est toujours là pour nous conseiller, mes frères et sœurs et moi. Je ne m’attendais pas à une réaction négative, je ne la reconnaissais pas. Puis, je sentais qu’elle ne voulait pas me comprendre. Elle n’a pas essayé d’en savoir plus sur cet homme.
Je lui mentais pour le voir. C’était une habitude. J’habite dans un quartier où tout le monde se connaît depuis petit. Un jour ou l’autre, ça serait venu dans l’oreille de mon frère ou de mes parents.
Cette situation me pesait énormément. Je voulais que ma mère me fasse confiance. Qu’elle soit là pour moi, dans les bons comme dans les mauvais moments. Ça m’importait qu’elle soit d’accord pour ne pas faire d’erreur dans mes choix futurs. Mais elle ne l’était pas.
Bloquée du jour au lendemain
Je m’en souviens de ce jour, celui qui a changé la suite de notre relation. Un soir, avant de nous coucher, on s’est dit : « Bisous, bonne nuit. » Dix minutes après l’appel, il m’a envoyé un message, très froid, pour me dire que c’était terminé. Ma mère avait pris mon téléphone, avait trouvé son numéro et lui avait dit de me bloquer. Par respect pour elle, il avait accepté.
Durant des mois, plus aucune nouvelle. Il m’avait oubliée, je n’en revenais pas. Je me suis renfermée sur moi-même : je n’ai plus parlé à ma famille, j’ai pris du poids en mangeant pour ne plus penser à lui. C’était une année de bac qui commençait très difficilement.
Pourquoi il ne se battait pas ?
Un jour, j’ai fait un cauchemar. Je sentais son mal-être en moi, comme s’il se sentait seul, et anéanti en même temps. Je rêvais que son père et moi l’attendions à l’accueil de l’hôpital, qu’il avait un problème. Mais lequel ? Je ne savais pas. Je me suis réveillée sous le choc.
Le lendemain je l’ai appelé. Il m’a annoncé que son père était mort et qu’il ne voulait plus parler à personne. Cette annonce, je l’ai sentie comme la fin de notre relation. Une annonce encore plus douloureuse que les autres.
Quelques temps après, je fête mes 19 ans. Toujours pas de nouvelles de lui. Mes douleurs s’étaient calmées. Je vivais dans une routine où j’avais l’habitude qu’il ne soit plus là. Je n’ai pas fréquenté d’autre garçon. Ça ne m’intéressait pas de revivre les mêmes scènes avec ma mère. Et puis, je ne voulais donner cet amour à personne d’autre.
Il revient avec une demande
Un an après l’appel où il m’avait annoncé que son père était mort, Yazin est réapparu.
Il est directement allé voir ma mère pour demander ma main. Après mille réflexions, elle a fini par l’accepter. La date de notre mariage religieux a été confirmée. C’était le plus beau jour de ma vie. Quand elle l’a rencontré, elle a vu que c’était une personne respectueuse, qui voulait mon bonheur à ses côtés. À présent, elle est heureuse pour nous.
J’aurais pu attendre encore quelques années afin de me construire encore plus. Mais, pour moi, c’était le bon. Je ne voulais pas attendre plus longtemps. Une femme mariée a de grandes responsabilité. Ma vie va changer, mais je me sens prête à me marier jeune.
Mariyah, 19 ans, étudiante, Paris