Ado aidante
Il y a deux ans, mon papa a su qu’il était atteint d’un cancer de la gorge. Quand j’ai appris la nouvelle, ça m’a beaucoup effrayée. Mes parents ont divorcé à mes 12 ans. Je vivais avec ma mère et mes sœurs et je ne voyais mon père que certains week-ends. Après quelques jours de réflexion, j’ai décidé d’aller vivre avec lui pour comprendre réellement ce qu’était le cancer… et aussi, bien sûr, parce que c’est une personne très importante pour moi. Je n’aimais pas le savoir seul dans cet état.
Je l’ai appelé en lui disant que je venais juste dormir un soir. Si je lui annonçais tout de suite que je venais vivre avec lui, il n’aurait pas voulu. Ça fait bientôt deux ans que j’habite avec mon père malade… Ça demande beaucoup de courage et de force mentale.
« Faut pas que tu lâches l’affaire ! »
J’ai compris le premier soir, en le voyant si maigre – il ne se nourrissait pas – et avec ses changements d’humeur, que ça allait être un combat.
Les premières chimios ont été une période très dure. Je m’étais promis de rester forte malgré la perte de cheveux, d’appétit et la maigreur qui s’aggravait. J’avais beau cuisiner de bons petits plats, rien ne passait. « J’y arrive plus, je ne veux plus me faire soigner, j’ai plus le mental. Si je dois mourir, ça sera le destin. » Je lui disais : « S’il te plaît papa, tu es jeune, tu n’as que 63 ans, on est tous avec toi, faut pas que tu lâches l’affaire ! » Mais ça ne marchait pas, il n’avait plus envie de subir des traitements.
J’ai fini par en parler à ma grande sœur et à ma maman. Elle m’a souvent demandé de revenir habiter chez elle. Elle trouvait que je m’oubliais, que je n’étais plus la même. Mais abandonner en cours de route aurait été égoïste. Aujourd’hui, je vis toujours avec mon papa. J’ai ma petite routine et mes habitudes avec lui. Je compte bien rester, encore et encore, jusqu’au bout.
Lina, 17 ans, en formation, Marseille
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