Missou V. 27/07/2024

« J’ai fait du foot pour avoir un lien avec mon père »

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Depuis que Missou a arrêté la section foot au lycée, son père a cessé de s’intéresser à ses performances.

Mon père m’a poussée à jouer au foot dès mes 5 ans. Il était entraîneur et il a rencontré ma mère qui jouait en tant qu’attaquante. Pour lui, le foot c’est une passion ! Il m’encourageait beaucoup quand j’ai commencé, mais j’ai arrêté à 9 ans parce que je ne me trouvais pas au niveau. Finalement, j’ai repris à 13 ans pour lui faire plaisir et avoir un lien avec lui. Je pensais que ça pourrait nous rapprocher. À cette époque, il avait pris beaucoup de distance avec moi et mes frères et sœurs.

J’ai été en section foot au lycée, dans un internat. J’avais trois entraînements par semaine, deux au lycée et un en plus dans le club de mon village. Mais j’avais du mal à être en internat, loin de ma famille, et j’ai abandonné cette section. Ça a déçu mon père. Il a arrêté de me mettre la pression sur mes performances. Il avait l’air de ne plus y prêter attention. Ça m’a déçue, aussi. Il voulait carrément que j’arrête complètement de jouer, même dans le club de mon village, mais j’ai continué. J’avais envie, ça me plaisait beaucoup.

Quand je jouais, j’oubliais tous mes soucis. Ça me permettait de me libérer et de me vider l’esprit. Mon coach était un de mes oncles et il me soutenait beaucoup. Il avait confiance en moi, ça m’aidait à m’améliorer et me donnait plus confiance. Quand j’allais au terrain, j’avais des coéquipières. On organisait des sorties, on s’encourageait, on se soutenait.

« Sans le foot, je stresse beaucoup »

À partir de ce moment-là, j’ai eu l’impression de ne pas être soutenue par ma famille dans ma pratique du foot. Mon frère, qui joue aussi, a passé des sélections pour les Jeux des îles (JIOI). Il est parti en tournoi à Madagascar avec son équipe. Mon père était enthousiaste, il l’entraînait tout le temps, il est même parti avec lui. Alors que personne de ma famille n’est jamais venu me voir jouer à cette époque. Ça a eu un impact sur mes performances.

Je me sentais un peu délaissée, mise de côté. J’ai commencé à ne plus aller au terrain et à rester plus à la maison. J’ai trouvé d’autres occupations, comme faire des sorties entre potes à la plage. J’ai arrêté le foot et le sport en général, mais j’ai vu que ça me rendait moins bien. Depuis que je ne fais plus de sport, j’ai moins confiance en moi. J’ai l’impression d’avoir plus de pression. Le sport atténuait mes crises d’angoisse. Sans le foot, je stresse beaucoup, tout le temps. Je me sens seule.

L’année dernière, je suis venue en métropole pour mes études et j’en ai profité pour reprendre. Je suis allée au club universitaire, à Rouen. Mais cette année, j’ai de nouveau déménagé pour suivre un BTS à Brest et je n’ai trouvé que des clubs pour les garçons. J’ai l’impression d’avoir perdu une partie de moi. J’aimerais reprendre, mais avec plus de soutien de mes proches. J’aimerais qu’ils me poussent vers le haut.

Missou, 20 ans, étudiante, Brest

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