« J’aimerais vivre dans un monde plus accessible »
Mon goût pour les Jeux olympiques (JO) m’est venu à la lecture de la BD Astérix aux Jeux olympiques…. à 6 ans et demi. Un voyage amusant dans les méandres de l’Histoire (d’en rire), une bouffée d’air frais, et une franche partie de rigolade. Pour la première fois, tout le village gaulois d’Armorique se rangeait derrière nos héros, à l’occasion de cette manifestation planétaire antique.
Me voilà, une après-midi de novembre. Une buée épaisse enveloppe la fenêtre de mon salon, et dehors, il n’y a pas un chat. L’atmosphère, comme le temps, est maussade, de quoi avoir le moral « dans les chaussettes ». Le repas de midi est fini. Cousin·es, ami·es, tantes, oncles, tout ce petit monde est parti… Ils ont chacun, chacune regagné leurs pénates, et désormais ma maison prend un air « tristounet ». Et moi alone, assise dans mon sofa, il me prend soudain une envie de… ne rien faire !
La seule énergie qu’il me reste – et c’est en soi, déjà mieux que rien – je la puise pour parcourir la distance entre le sofa moelleux, dans lequel je me trouve confortablement assise (c’est l’endroit que je préfère investir pour suivre les grands événements) et la TV. Je zappe, et me voilà transportée dans une compétition effrénée d’athlétisme à Athènes. Un vif retour à la mère patrie des JO. Ce jour-là, en juillet 2004, Ekateríni Thánou jouait sa qualification en quart de finale 100 mètres dames. Défi relevé avec brio. C’était palpitant !
Au coin de la flamme
Je me souviens de mes premiers Jeux. En 1992, j’étais en CE2 et j’assistais, depuis la salle de classe, à ceux d’Albertville. J’ai vu Surya Bonaly accomplir un triple salto de patinage artistique. Quel parcours ! 10 sur 10 pour cette étoile filante qui transcende les cieux ! Elle décroche, si mes souvenirs sont bons, la première place du podium.
À l’annonce des résultats, il s’est installé une ambiance festive dans la salle. Elle me rappelle la BD d’Astérix, et son atmosphère vive, détendue, amusante, chère à nos amis gaulois. J’ai ressenti pour la première fois un esprit tellement fraternel, comme si la barrière linguistique et les frontières avaient été abolies.
Cette visée familiale s’associe à une accessibilité certaine : aux JO, participent des gens valides et des individus porteurs d’un handicap quel qu’il soit. Quel plaisir de voir athlètes valides et paralympiques porter ensemble le drapeau de leur pays commun, lors de la cérémonie d’ouverture, procession de la flemme olympique, ou lors d’une victoire à l’issue d’une compétition… Un moment d’entraide et de partage…
Rendre le sport vraiment accessible
Si cette inclusion existe lors d’événements planétaires tels que les JO, il serait bon de se préoccuper de l’accessibilité des publics empêchés. À ces occasions, mais aussi et surtout dans leur vie de tous les jours. Et de prendre en compte tous les types de handicaps visibles ou invisibles.
En ce qui me concerne, moi, porteuse d’un handicap psychomoteur de naissance, invisible, j’ai dû cesser d’aller en cours d’EPS dès la classe de seconde, à 15 ans. L’enseignement de cette discipline n’était pas adapté à mes soucis de lenteur et de coordination, liés à ce handicap inné.
Pour ces mêmes raisons, je dois – alors que je suis passionnée d’équitation – me rendre en Normandie, à une heure de Paris, la ville où j’habite, pour aller dans un centre équestre accueillant en priorité (et en majorité) des usagers porteurs d’un handicap.
Étant donné mon emploi du temps actuel très chargé, je me contenterai de regarder les JO de Paris depuis mon sofa moelleux, comme en 2004…
Myriam, 39 ans, étudiante, Paris