Nathalia F. 24/10/2022

C’est quoi l’amour sans violences ?

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Nathalia ne croit pas en l'amour. Parce que chez elle, la relation entre ses parents n'a toujours été que des disputes et des violences.

Clairement, mes parents à moi, c’est l’inverse de l’amour. Depuis petite, la seule image que j’ai d’eux c’est quand ils se hurlent dessus. La plus grosse dispute dont je me souvienne n’est pas si vieille, c’était il y a quelques mois. C’est toujours la même histoire : ma mère crie parce que mon père a bu de l’alcool. Lui, il lui reproche de ne pas avoir fait certaines choses ou de lui voler de l’argent.

Quand ils s’engueulent, ma mère prend toujours un objet pour menacer mon père. Ce soir-là, je ne sais pas quel était le motif de la dispute mais elle a attrapé un grand couteau et a menacé mon père en l’insultant. Lui a réagi en prenant un couteau encore plus grand. Ils hurlaient, c’était horrible. Mon père était saoul, ma mère voulait se suicider. Avec mes frères et sœurs, on a eu peur que quelqu’un soit tué. On pleurait et on était terrorisés.

Mon père a fini par partir. Le lendemain, il est revenu prendre toutes ses affaires et il a quitté la maison pendant une semaine. Puis, il est de nouveau rentré à la maison parce qu’on avait besoin de lui pour avancer et qu’on voulait passer à autre chose.

La même scène qui se répète

Mes parents se connaissent depuis l’école primaire. Ma mère a eu un premier enfant à l’âge de 17 ans, mon père, lui, en avait 21. Elle, c’est une femme qui se fout de tout. Elle n’écoute pas ce qu’on lui dit, ça ne l’intéresse pas : elle est réellement méchante. À l’inverse, mon père est quelqu’un de généreux, attentif, drôle. Mais, des fois, il s’énerve. Uniquement à la maison et à cause de ma mère. Elle trouve toujours un prétexte pour créer une dispute quand il rentre épuisé du travail. Je ne sais pas vraiment pourquoi ils se disputent.

Mon père n’a jamais frappé ma mère. C’est elle qui est violente envers lui. En tout cas, c’est l’impression que j’ai. Les cris, les objets qui volent, la violence. Le climat chez moi est catastrophique. En sortant de cours j’ai la boule au ventre à l’idée de rentrer et je n’ai qu’une hâte : être au lendemain. Moi, la seule chose que j’attends c’est qu’ils se séparent réellement et qu’on aille vivre avec mon père. Ma mère, on la verrait le week-end.

Ils ont bien essayé de se séparer, à chaque fois je me dis : « Cette fois, c’est fini pour de vrai. » Mais ils se remettent toujours ensemble et ça recommence. Quand je serai en couple moi aussi, j’imagine que ce sera exactement la même chose que ce que je suis en train de vivre en ce moment. Je ne crois pas en l’amour. Je ne vois pas comment ça pourrait bien se passer.

On pourrait essayer d’être heureux ?

À chaque fois, mon père nous demande à moi et mes quatre frères et sœurs d’aller nous enfermer dans la chambre quand ça part en crise. Parfois, on pense que c’est de notre faute, qu’on a dû dire ou faire un truc de travers. On le vit mal et on se demande pourquoi ils ne veulent pas être heureux, et essayer de faire les choses bien.

Ce qui est dommage, c’est qu’avec mes frères et sœurs on ne s’entend pas vraiment. On fait un peu semblant devant la famille ou les amis, mais on ne parle jamais de ça. Mon frère aîné vit en métropole mais il ne sait rien de tout ça. Parfois, j’aimerais lui dire. Tout lui raconter pour qu’il puisse venir nous aider.

Nathalia, 14 ans, collégienne, Saint-Louis (La Réunion)

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