Kaylie D. 10/03/2023

Nous abandonnera-t-il, lui aussi ?

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Entre Kaylie et son beau-père, la relation est conflictuelle. Quelle place a-t-il dans la famille ? En fait-il trop ? Puis-je lui faire confiance ? De l’abandon de son père, elle s’en souvient encore.

« Je ne suis pas ton père, Dieu merci. » Quand on s’embrouille avec mon beau-père, c’est ce qu’il me répète tout le temps. Quand il dit ça, on dirait qu’il ne veut pas être mon père. Ça me fait me sentir mal.

C’est qui est très insupportable, c’est que ça arrive très souvent, des embrouilles avec lui. On ne se comprend que rarement. On a des caractères forts tous les deux. C’est ça qui nous fait péter les plombs assez vite : on répond tous les deux et on empire la situation. Une fois, au dîner, il m’a sorti ça alors que je parlais de mon père. À chaque fois, il a une manière de le dire : des fois qu’il ne voudrait pas être comme lui, d’autres fois qu’il ne voudrait pas être mon père, c’est-à-dire qu’il ne voudrait pas avoir une fille comme moi.

La raison de ces embrouilles, c’est que je ne le respecte pas assez : je ne l’écoute pas quand il me donne des ordres. Par exemple, je n’avais pas le droit de sortir, alors que ma mère me disait oui. Il lui disait : « Ne laisse pas ta fille sortir. » Il n’est jamais d’accord avec elle, mais comme dans la maison, l’homme, c’est celui qui décide, bah je dois faire ce qu’il veut. Il veut que je le respecte comme si c’était mon père. Moi, chaque fois, je lui dis : « Tu n’es pas mon père. » 

Beaucoup de questions, peu de réponses

Quand il s’est installé dans la maison, je l’ai bien accepté, car il s’est vite intégré, de façon trop investie. Maintenant, j’ai du mal. Mais, quand on s’entend, on essaie de sortir avec ma petite sœur au parc et de faire les courses ensemble. C’est quelqu’un qui est investi dans son éducation car c’est sa fille, il va la chercher à l’école par exemple. Il essaie aussi de ne pas faire de différence entre moi et elle : il vient à mes réunions du lycée et il s’investit dans mon orientation dans les études supérieures.

J’ai du mal à mettre quelqu’un à la place de mon père, même si je sais que je me suis fait abandonner. Je n’ai pas de souvenirs de moments passés ensemble, à part que c’était quelqu’un qui me donnait des chocolats quand il venait me voir, avant de partir pour de vrai. J’ai du mal à accepter l’abandon car je n’ai pas trop de réponses. Ma mère a sa version de l’histoire, mais elle ne répond pas assez à mes questions. Pour avancer, je voudrais avoir des réponses de sa part, pour comprendre pourquoi il a fait ça et ce qu’il a ressenti en le faisant. J’essaie de me mettre à sa place pour y répondre.

J’ai essayé de l’ajouter sur Facebook pour faire un premier pas. Il a accepté, mais il n’a pas le courage d’envoyer un message alors que je sais qu’il sait que c’est moi sa fille. Ma mère voulait me forcer à envoyer un message alors que je ne me sens pas prête. Je sens que personne ne me comprend à ce sujet, à part mon petit copain, qui est à l’écoute. Personne ne peut rien faire à part écouter et me dire que mon beau-père n’y est pour rien.

J’ai du mal à lui faire confiance

Je trouve que mon beau-père est parfois jaloux de mon père, car je veux le connaître et il n’accepte pas ce choix. Il m’a même dit : « Si tu reparles à ton père et que tu l’invites à ton mariage, je ne viendrai pas. » 

Ça impacte ma confiance dans les hommes. J’ai du mal à faire confiance à mon beau-père, j’ai peur qu’il abandonne ma petite sœur et ma mère. J’ai du mal à m’attacher aux gens, je me sens peu assurée, peu importe la situation : en famille, avec mes amis, en couple. Je me sens coupable de cet abandon : je me dis que les gens vont m’abandonner un jour, car je ne suis pas assez bien pour eux.

J’ai du mal à montrer mes sentiments amicales ou amoureux. Je suis peut-être quelqu’un avec un gros caractère et très froide, mais c’est comme une protection pour ma confiance en moi. Je me protège pour ne pas subir, encore, un abandon.

Kaylie, 17 ans, lycéenne, Bondy

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