Kelvyn L. 27/03/2024

Besoin du rugby pour être épanoui

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Kelvyn commence à faire du rugby à l'âge de 9 ans. Il se sent utile et heureux au sein de son équipe mais un jour, tout s'arrête brutalement.

À 14 ans, je faisais encore du rugby. Ça m’aidait à me canaliser, je me défoulais énormément. À cette époque, je m’en foutais du regard des autres, des critiques et des jugements. J’ai commencé le rugby à l’âge de 9 ans, pour essayer. Je me suis inscrit au Club – Iris 1924, qui se situe au Mont-de-Terre, un quartier de Lille. C’est un super club, très accueillant. J’aimais jouer avec une équipe, j’avais des coéquipiers cools. J’aimais aussi le côté compétitif, ça me permettait de dépasser mes propres limites.

Ce qui me plaisait le plus, c’était de recevoir des coups au moment des plaquages. J’occupais le poste de pilier. J’aimais ce poste car je me sentais utile dans l’équipe. J’étais un atout car j’étais costaud. J’allais dans la mêlée pour reprendre possession du ballon et marquer un essai.

Parfois, j’étais dans la démonstration et un jour, j’ai voulu montrer à ma copine et mes potes de Douai que je savais faire un wheeling en vélo. Le wheeling, c’est quand on doit se balancer, rouler sur la roue de derrière et essayer de garder son équilibre. J’ai perdu le contrôle de mon vélo. Je ne voulais pas tomber alors je me suis rattrapé en forçant sur mon genou. J’ai senti un craquement et je me suis retrouvé au sol, sans un mot, sans savoir ce qu’il s’était passé.

J’ai tout de suite senti que ça n’allait pas.

On a appelé les pompiers, ils m’ont emmené à l’hôpital pour faire une radio. Rien d’anormal. On m’a donc conseillé de prendre rendez-vous chez un rhumatologue. C’est un spécialiste des affections osseuses, musculaires et articulaires. Le jour du rendez-vous, il m’ausculte et la terrible nouvelle tombe : je dois arrêter toute activité sportive car je dois me faire opérer. La nouvelle est dure à accepter mais je dois assumer les conséquences de mes conneries.

« Je me sens mal de ne plus faire de rugby »

En décembre, trois mois après l’accident, je me suis fait opérer. J’étais un peu stressé mais pas tant que ça. Je me disais que ça allait bien se passer et je faisais confiance aux médecins. Mais quand je me suis réveillé dans ma chambre, j’avais une douleur atroce. Je suis resté une nuit à l’hôpital pour surveiller mon état. Le lendemain matin, nouveau verdict : pas de sport pendant un an pour réparer mon ligament. Je devais arrêter le rugby.

J’ai également eu des séances de kiné pour m’aider à tendre à nouveau ma jambe. Pendant deux semaines, une infirmière venait tous les jours pour me faire des piqûres pour que mon sang ne s’infecte pas. Le kiné venait aussi chez moi pour une rééducation pour remarcher. L’infirmière m’a ensuite retiré mes points de suture, puis ma vie a repris son cours. Je suis retourné au collège.

Le fait de ne plus avoir le rugby dans ma vie comme défouloir, ça a eu beaucoup de conséquences. D’abord, je me suis renfermé sur moi-même. Je ne me sens plus à ma place. Et désormais, ma timidité me bouffe et bouffe toute envie de pratiquer à nouveau ce sport que j’aime tant.

Je ressens du dégoût vis-à-vis de moi-même car je n’arrive pas à surmonter cette timidité. Je me sens mal de ne plus faire de rugby mais j’apprends à oublier le passé et à gommer ma frustration. Pour ça, je vois des amis et ma petite amie, je passe du temps avec eux et j’essaie d’avancer.

Kelvyn, 17 ans, volontaire en service civique, Lille

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