Blessure d’amitié
Raconter ses problèmes, c’est être faible. J’ai des potes qui se plaignent tout le temps. Moi, quand il y a une épreuve difficile, je la garde pour moi et je digère. Je ne suis pas la plus forte du monde mais je suis quelqu’un de réfléchi. Mes amis m’appellent affectueusement « la philosophe » parce que je réfléchis en grand.
Je n’ai que 19 ans mais les situations que j’ai vécues m’ont appris beaucoup de choses. Quand je traverse une mauvaise situation, je ne commets plus les mêmes erreurs. Plusieurs épreuves ont changé mon état d’esprit. Ma fracture au pied. Mes nombreuses bagarres au collège. Quand j’ai eu le cœur brisé. Quand j’ai quitté mon pays d’origine, le Cameroun, pour la France. Et une trahison amicale. C’est ma dernière épreuve. La plus tragique.
Je vais appeler la fille Karaba. Comme Karaba la sorcière dans Kirikou. Karaba et moi, on était amies sur Snap mais on ne se parlait pas. Un jour, elle a répondu à ma story en me faisant comprendre qu’elle me connaissait. Je me suis rendu compte qu’on était allées dans la même école primaire.
Rendre service
Un jour, elle poste une story en demandant de l’aide. « Est-ce que quelqu’un connaît quelqu’un qui fait Paris-Yaoundé ? » Yaoundé, c’est la capitale du Cameroun. Je n’ai pas répondu.
Ne trouvant personne pour l’aider, elle m’a écrit. J’ai réussi à trouver une solution à son problème. Un de mes frères allait faire ce trajet. Avec ma sœur, je suis allée chercher le bagage de Karaba chez un de ses potes, à trois heures de route de chez moi, en France. Mon frère a pris une partie de ses vêtements. J’ai donné l’autre à ma mère qui rentrait au Cameroun. Le reste, je suis allée le déposer chez sa tante, dont les parents partaient pour Yaoundé le lendemain.
Ce jour-là, c’était l’anniversaire de ma meilleure copine. Je l’ai raté à cause des trajets un peu trop longs. Karaba, elle, a bien reçu tous ses vêtements.
Insultée
Quelques mois plus tard, elle est venue à Paris pour continuer ses études. On s’est vues plusieurs fois. Je faisais tout ce qu’une amie doit faire. On était devenues proches. Elle me racontait toutes ses histoires, je lui racontais les miennes.
Un jour, elle a reçu des captures d’écran Instagram où je parlais en mal d’elle. Je n’avais jamais écrit ces messages. Sans venir m’en parler, elle s’est mise à m’insulter en statut. Je lui ai demandé à plusieurs reprise : « C’est quoi le problème ? » Elle n’a pas répondu.
Je voyais juste qu’elle m’identifiait, mais je ne comprenais rien. Pour ma santé mentale, je n’ai rien lu, je l’ai bloquée et j’ai gardé le silence. J’ai continué ma vie et mes statuts comme d’habitude. Comme on dit : le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier.
Un autre jour, on a eu un nouveau souci. Un de nos potes en commun a été notre intermédiaire. Du coup, j’ai été obligée de la débloquer pour l’appeler et mettre les points sur les i. Elle a découvert que c’était mon ex qui avait inventé les captures d’écran. Remplie de honte, elle m’a fait une lettre d’excuse par message.
Même si elle m’a demandé pardon, on ne pourra plus jamais être amies. Si elle réussit à me la faire une fois, elle pourra la refaire une autre fois. Une sorcière ne change pas. La moi d’avant l’aurait tabassée et lui aurait laissé des bleus. Des bagarres, j’en ai faites et je n’en ai jamais perdu une ! La moi d’avant l’aurait bien insultée et aurait étalé sa vie.
Si elle avait pris une minute de son temps pour m’expliquer la situation, on n’en serait jamais arrivées là. La moi de maintenant réfléchit davantage avant d’agir et prône le dialogue en priorité.
Mariatou, 19 ans, lycéenne, Argenteuil
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