Myriam D. 10/03/2023

Brel et Brassens, sa porte d’entrée en métropole

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Myriam a grandi entre la métropole et la Martinique, enveloppée par les odeurs des plats antillais et les chansons de Brel et Brassens.

Brel et Brassens furent sa porte d’entrée en métropole. Lorsque ma mère a foulé le sol de ce territoire d’adoption, au début des années 1970, elle se mit à exercer des petits boulots de toutes sortes, dans divers secteurs, allant de l’alimentation à l’informatique. Chaque expérience fut l’occasion, pour elle, non seulement de découvrir un univers professionnel spécifique, mais également de s’enrichir sur le plan humain, par le biais de nouvelles rencontres cosmopolites.

Chaque soir, après une journée de travail certes intéressante, cependant quelque peu épuisante, « la bande de jeunes », collègues le jour et fans du magazine de divertissements Salut les copains, écoutaient les variétés françaises et francophones, réunis « au QG ». Ma mère comptait parmi ce groupe. Elle prenait plaisir à passer du temps en leur compagnie : lors de ces retrouvailles, les airs qu’on entendait le plus, étaient ceux de Georges Brassens et de Jacques Brel.

Les chansons de ces deux grands artistes demeuraient les titres les plus plébiscités aux yeux de ce public restreint. Alors, ma mère finissait par en connaître les mélodies ainsi que les paroles, « sur le bout des doigts », si bien qu’au final, elle possédait sous format papier, en cassettes, et surtout dans son for intérieur, un véritable répertoire.

Ce mélange de saveurs et de chansons

Bercés par eux, mes premiers pas à Fort-de-France explorèrent les diverses saveurs chères à mon enfance : des fruits très odorants, telle la banane plantain, flambée et légèrement saupoudrée de sucre ; des boissons succulentes, à l’instar du jus de prune de Cythère… la base de plats antillais confectionnés soigneusement par ma tendre maman.

C’était un matin d’octobre, je venais d’avoir 8 ans. 10 heures, le moment de bichonner  son petit chez soi. La séance débute. La chanson « Au suivant » marque le tempo de ce moment passé ensemble. Brel nous tient compagnie, nous voilà entre de bonnes mains. Puis, ça  y est, c’est fini, l’heure est venue de se restaurer. Vive le court-bouillon de poisson et ce gâteau à l’ananas ! Hmmmm drôlement bon…

Voilà qu’en pleine nuit, à Paris, j’ai… comment dire ? Oui, j’ai vraiment mais vraiment un coup de mou, LE BLUES… Les yeux à demi fermés et les oreilles toutes ouïes, en cette même nuit, une mélodie enivre mon esprit. Cet air apaisant, note après note, je le saisis, je m’en empare calmement : mon cœur en est tout ému ! Ah, Brel et Brassens, deux compagnons de route, mes deux mentors. Quel bonheur de se réchauffer l’âme au coin du feu en compagnie de « L’Auvergnat », tout en voguant dans ces méandres rythmés !

Et me voilà transportée délicatement outre-Atlantique, dans mes véritables pénates, martiniquaises, plus précisément foyalaises (de Fort-de-France), la terre de mes aïeux.

À mon tour de leur transmettre

Ce melting pot a fait de moi une personne cosmopolite. Lorsque ma mère et moi, nous nous mettions à préparer des plats antillais, nous prenions plaisir à écouter des musiques issues des quatre coins du monde.

Eh bien ! Brel et Brassens m’accompagnent toujours lors des différentes activités de la vie quotidienne, y compris les plus banales. Lorsque je me mets à entretenir mon petit chez moi, je n’hésite pas à me remémorer ces tendres moments où je côtoyais ces deux hommes de talent, grâce à la musique. Les mélodies qui prennent place dans ma tête suffisent à rendre chaque fois cela agréable. Mais surtout, leurs chansons demeurent des remèdes incontournables contre l’attente parfois interminable dans les transports en commun.

Ce legs maternel, je souhaiterais à mon tour le transmettre aux jeunes générations : mes petits cousins et cousines, les adolescents de l’étude dirigée du soir, pour les inviter à  découvrir ce patrimoine, à leur ouvrir des horizons, et ainsi leur faire prendre conscience que ces auteurs ont existé et rayonné bien avant les musiques de leur temps. Je pourrais les y convier autour d’un débat, d’une sortie, ou bien d’un dîner familial.

Myriam, 38 ans, étudiante, Paris

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