Inès M. 11/03/2024

Choisir entre deux pays, la France et le Maroc

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Inès vit en Normandie, mais rêve de partir au Maroc. Si ce pays la fait rêver, elle reste consciente des difficultés qu'elle pourrait y rencontrer.

Tous les étés, je vais au Maroc pour les vacances. C’est une tradition depuis que je suis née. Mon père est marocain à la base, mais il est venu vivre en France pour ma mère. Nous, au Maroc, on vit dans un village. C’est un de mes endroits préférés. C’est tellement petit et perdu que vous ne le trouverez pas sur Google Maps.

Pour y aller, c’est tout un périple. D’abord l’avion, à Roissy-Charles-de-Gaulle ou à Evreux. Parfois, il nous arrive de partir en bateau et là, on prend la route, direction l’Espagne. J’adore le voyage en bateau. Voir la mer qui s’étend autour de nous, c’est beau. Et puis c’est l’occasion de rencontrer d’autres personnes de mon âge.

Une fois au Maroc on reprend la voiture, et c’est parti pour trois heures. Là, je vois le paysage défiler devant mes yeux. Les montagnes magnifiques qu’on ne trouve pas en Normandie ou encore la nature avec les oliviers et les champs de blé. On passe de village en village, mais attention, le mien n’a rien à voir avec ceux de carte postale français.

C’est très pauvre. Les maisons sont en pierre, fabriquées à la main. L’avantage, c’est qu’elles sont aussi très grandes. La mienne fait quatre étages. On est beaucoup dans ma famille. Lorsque tout le monde est là durant l’été, on peut monter à treize personnes au total et presque tout le monde a sa chambre. Il y a aussi un grand jardin potager magnifique avec des figues et des grenades. Rien à voir avec mon T4 dans ma ville normande.

Toujours bien accueillis

Au Maroc, j’aime aussi beaucoup me balader à Marrakech. Quand on vient en avion, c’est là qu’on fait escale et mes parents prennent toujours une réservation dans un hôtel un peu luxueux. On a des grandes chambres, une piscine, et le petit-déjeuner inclus. Des hôtels comme ça, en France, on pourrait pas se les payer. C’est aussi pour ça que je préfère le Maroc à la France. On peut y faire beaucoup plus d’activités, alors que quand on va à Paris, c’est juste la journée pour voir la tour Eiffel, prendre un café ou un jus et ensuite on rentre.

J’ai l’impression d’être davantage à ma place là-bas. Je n’y entends pas parler de racisme comme ici. Même si au Maroc on me considère comme une Française, on ne me traite pas non plus comme une étrangère. Et puis les gens sont tellement plus chaleureux et accueillants. Une fois, dans la rue, j’ai demandé mon chemin à un mec avec ma famille et il nous a accompagnés tout du long pour nous montrer la direction. Il a pris le temps, pour nous. Si on demande de l’eau à des gens qu’on ne connaît pas parce qu’on a soif, ils sont capables de nous inviter le soir pour le dîner. Alors qu’ici, ce n’est même pas imaginable.

J’ai conscience que tout n’est pas parfait, même si j’aimerais y vivre plus tard. D’abord, il y a la sécurité. C’est mieux en France. Je me souviens avoir vu une femme se faire frapper au visage en plein centre commercial par son copain au Maroc. Heureusement, une personne est intervenue pour la protéger, mais des scènes comme ça, je n’en vois jamais en France. Mon père me rappelle aussi que, même si c’est très beau, il n’y a pas de travail. Que si je veux vivre là-bas, j’ai intérêt à gagner d’abord ma vie ici. Alors c’est ce que je compte faire. Bosser pour mettre de l’argent de côté et me payer plus tard, moi aussi, ma maison au Maroc.

Inès, 13 ans, collégienne, Normandie

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