Capverdienne, ma communauté m’a permis de m’intégrer
La famille, on dit toujours que ce sont les personnes qui ont le même sang que toi. Mais ce n’est pas toujours le cas. Ce sont aussi ceux qui sont proches, ceux qui sont toujours là pour te soutenir. Moi, j’ai grandi au Cap-Vert, après j’ai vécu au Portugal, puis je suis arrivée à Marseille, où j’ai rencontré ma communauté. C’est devenu une deuxième famille.
Quand je suis arrivée en France, je ne connaissais personne. Je n’avais que mon mari et ma fille de quatre ans. Je n’avais pas de communauté.C’est très compliqué d’arriver dans un pays où tu ne connais rien, même pas la langue, car on te demande beaucoup de papiers… Pour moi, c’était difficile de savoir quel type de papier prendre, ou, à quel endroit demander de l’aide.
Tout reconstruire pour ma famille
Mais le plus compliqué, c’est quand on a un enfant. La première chose, c’est trouver une école. S’il n’y a pas de place disponible, il faut chercher une personne pour garder l’enfant. Mais c’est très cher, et sans connaître la langue, c’est difficile de trouver du travail pour la payer. La seule solution, c’est que la mère reste à la maison et que le mari soit le seul à travailler. Bref, tout un cercle vicieux.
Au fil des mois, mon mari m’a fait rencontrer des gens de notre communauté. C’est plus simple pour se comprendre. Ils viennent du Cap-Vert et parlent la même langue que moi. On allait à des fêtes, on se retrouvait dans les maisons ou à des pique-niques. J’ai trouvé de vraies amies. Elles m’ont expliqué comment le système fonctionne, ici, en France. Elles m’ont aidé à inscrire ma fille à l’école, à m’inscrire à la CAF, à la mission locale, à Pôle Emploi et même à chercher une maison.
Ma communauté, mon quotidien
Maintenant, je fais une formation pour apprendre le français. Parfois, elles gardent ma fille pour que je puisse aller en cours. Et comme ça, ma fille reste en contact avec d’autres enfants. Elle aime parler aux gens, même si elle ne les connaît pas. Et elle ne commencera l’école qu’en septembre de cette année, car le consulat du Portugal a mis quatre mois à me donner son certificat de naissance. Je veux qu’elle ait une bonne éducation et n’aie pas de difficultés à cause de la langue. Donc, j’ai commencé à mettre tous les dessins animés en français pour qu’elle puisse comprendre et parler cette langue.
Mes amis, ils ont tous des enfants. Nous nous soutenons les uns les autres… Quand on ne peut pas les garder, il y en a toujours un qui est disponible pour s’en occuper. Ces gens font partie de mon quotidien et m’aident pour tout. Ils font ce que ferait ma famille du Cap-Vert si elle était à côté de moi. Pour moi, c’est très important d’avoir une nouvelle famille, ici, en France parce que la vraie me manque vraiment.
Elenice, 23 ans, en formation, Marseille