Le concours d’éloquence, pour défendre mes idées

Il y a des moments où savoir défendre mes idées m’aurait bien aidé, comme dans les débats qu’on fait en classe. Sur l’événement qu’il s’est passé avec le professeur Samuel Paty, j’avais très envie de m’exprimer. On devait dire si on trouvait ça normal ce qu’il s’était passé. Je disais : « C’est injuste pour le professeur et pour les musulmans qui se font traités de terroristes et qui ne le sont pas, ils les mettent tous dans la même boîte. » Une de mes camarades disait à peu près la même chose, mais le prof se concentrait plus sur elle. J’ai eu l’impression d’être ignorée, et je l’ai mal pris un peu.

Il lui posait plus de questions, parce qu’elle savait mieux s’exprimer et donner son opinion. Elle avait un bon ton, qui la rendait sûre d’elle. Elle parlait clairement, sans bégayer, on avait l’impression qu’elle s’était déjà préparée avant. Elle donnait des exemples, et quand elle formulait ses phrases, on se disait : « C’est elle qui a raison. » Moi, je n’arrivais pas à donner mon point de vue. Quand on me pose une question et que j’essaie de m’exprimer, je prends assez de temps pour dire pourquoi je dis ça, pourquoi je pense ça…

On peut se préparer à un concours mais pas à la vie

En classe on se prépare pour passer un concours d’éloquence. On nous a dit de choisir une cause qu’on aimerait défendre, ça pouvait être ce qu’on voulait. Personnellement j’ai choisi la cause des Ouïghours, car c’était une cause qui me tenait à cœur, car je n’aime pas les injustices, les inégalités et la maltraitance et je voulais changer car beaucoup de mes camarades avaient choisi le racisme, l’homophobie, les droits des animaux.

D’abord, on devait écrire toutes nos idées, ce qui m’a aidé. Quand il y a plus de préparation, c’est plus simple pour moi. C’est un concours donc logiquement on se prépare, mais pour la vie de tous les jours, on ne peut pas… Après avoir fini nos textes, une professionnelle est venue nous apprendre comment parler devant un public, ce qui est très important.

On lisait notre texte et chaque fois qu’on faisait une faute, qu’on lisait trop doucement, trop vite, ou qu’on ne regardait pas le public, elle nous faisait la remarque. Comme c’était de la lecture, ce n’est pas exactement de l’expression mais cela m’a servi à lire doucement et fort. C’était intéressant car selon le ton, et la manière dont tu parles, les gens sont plus ou moins attirés par ce que tu dis.

Donner du pouvoir aux mots, ça peut éviter la violence

Pour l’instant on n’a pas eu d’autres opportunités pour faire d’autres cours préparatoires en raison de la Covid, et je n’ai pas eu l’opportunité d’appliquer ses conseils. Alors en ce qui concerne mon problème, ça ne m’a pas beaucoup aidé pour l’instant.

Malheureusement, même si ton idée est très bien, si tu ne sais pas comment l’exprimer, tu as l’air d’une personne qui ne sait pas de quoi elle parle. Même si au fond de toi tu sais que tu as quelque chose à faire comprendre, à transmettre. Pour moi c’est important de réussir à mieux m’exprimer pour pouvoir faire face aux injustices qu’il y a dans ce monde. Donner plus de pouvoir aux mots, ça peut éviter la violence.

Sonia, 15 ans , collégienne, Mantes-la-Jolie