Confiné : comment le Covid m’a fait redoubler
Je savais que la seconde allait être compliquée, mais je n’imaginais pas à quel point. Rentrée 2019, comme n’importe quel élève qui entre en seconde, je suis stressé et impatient d’arriver au lycée, d’être traité comme un adulte responsable, de pouvoir sortir et faire la fête avec mes potes. Mais la seconde est bien plus difficile que le collège, le travail est plus exigeant. Et surtout, personne ne s’attendait à ce qui nous est tombé dessus ensuite : un virus inconnu qui est venu compliquer un peu plus les choses…
Les trois premiers mois de l’année, avant Noël, tout se passe relativement bien pour moi. Mais en décembre les médias commencent à parler d’un mystérieux virus qui affecte la Chine. « Rien de grave, la Chine est à l’autre bout du monde, on ne craint rien », m’a alors dit ma mère. Janvier 2020, nouvelle année : adieu 2019, qui selon pas mal de monde n’avait pas été une très bonne année…
Puis en février, les cas de Covid-19 sont de plus en plus nombreux, mais on est loin d’imaginer ce qui va se passer quelques semaines plus tard. Ma scolarité avance tranquillement, je m’habitue petit à petit au rythme du lycée. Début mars, le nombre de personnes contaminées en France et dans le monde grimpe en flèche : les gouvernements décident alors de confiner toute la population.
Un prof derrière un écran et ambiance déprimante
C’est le « premier » confinement. Ma scolarité ne se fait plus que chez moi, presque la moitié des profs nous ont abandonnés à notre sort, nous laissant seuls avec un travail et un corrigé. Les rares profs qui continuent les cours à distance, je trouve que leurs cours sont moins précis que d’habitude. Soit que c’est mal expliqué, soit qu’ils ont du mal à travailler à distance. Ils prennent moins de temps pour qu’on comprenne.
Fin mai 2020 : nous avons finalement passé un trimestre entier en confinement et nous n’avons eu presque aucune note. La plupart des profs ne nous ont pas fait de contrôle, donc nos bulletins restent quasiment vides pour ce troisième trimestre.
De mon côté, j’ai peu à peu perdu pied. Les cours ne m’intéressaient plus : juste un prof derrière un écran, l’ambiance était déprimante. J’avais de plus en plus de mal à suivre le programme, les exercices devenaient de plus en plus difficiles, je n’arrivais pas à les comprendre ni à les résoudre. J’ai fini par me lasser et j’ai arrêté de suivre les cours et faire les devoirs…
Ce confinement je l’ai vécu comme une bataille : j’étais une personne qui ne savait pas quoi faire, ni comment faire. Un combat où, au fil des jours, de plus en plus de monde disparaissait. Et à la fin, les vainqueurs étaient ceux qui avaient tenu le coup en affrontant toutes les difficultés. Je savais que j’allais redoubler, c’était évident et je n’avais pas trop le choix. Soit j’allais en CAP Hôtellerie, soit c’était le redoublement : j’ai préféré redoubler. Pour pouvoir rester en général, une année de plus ou de moins, finalement, ce n’est pas grand-chose.
Une rentrée un peu spéciale
L’été passe, l’épidémie repart petit à petit après le déconfinement. La rentrée arrive, j’ai déjà eu droit à une rentrée en seconde, donc comme je redouble, je sais à quoi m’attendre. Je ne suis ni stressé ni impatient. Mais c’est une rentrée un peu spéciale : masquée, avec des « distances de sécurité » à respecter. Je ne sais pas à quoi ressemble le visage des professeurs ni de mes camarades, même si certains l’enlèvent de temps en temps. Les semaines passent, l’épidémie repart une nouvelle fois mais les vacances approchent… On ne se doute pas encore de ce qui se prépare.
Juste après les vacances de la Toussaint, c’est reparti : re-confinement à moitié, les écoles et les entreprises restent ouvertes. Peu de temps après notre retour de vacances, de nouvelles mesures sont annoncées concernant les écoles, les collèges et les lycées, qui seront ouverts un jour sur deux, et avec la moitié des élèves seulement chaque jour. Quand j’entends la nouvelle, je suis juste content de pouvoir continuer à aller au lycée. Un confinement total aurait non seulement détruit le moral de nombreux élèves, mais notre scolarité aurait à nouveau été mise en danger.
J’ai respecté le confinement, je ne suis pas sorti de chez moi pendant cette période sauf pour aller au lycée. Mais c’était plus facile que le premier confinement, parce que j’ai pu garder contact avec mes amis. Moralement, j’allais mieux, et cette fois-ci, comme on a continué à aller au lycée, je n’ai pas décroché.
L’homme est vulnérable quand on l’attaque sans qu’il s’y prépare
Ce virus nous aura tous appris quelque chose. Moi, cela m’a ouvert les yeux sur notre pollution. J’ai vu ces photos prises avant et après le confinement à Paris, Marseille, Madrid ou New-York. La différence était flagrante : les poissons revenant dans les canots de Venise, des oiseaux dans les grandes villes. Il était clair que le confinement avait été bénéfique à la nature.
Désormais j’évite autant que je peux les déplacements en voiture, si je dois aller quelque part, je regarde combien de temps il me faut pour le faire à vélo ou à pied. Pour aller chez mes grands-parents par exemple, dans un village à quelques kilomètres, je le fais à vélo ou à pied maintenant. C’est un peu plus long, mais ça ne me dérange pas.
Je me suis rendu compte que l’homme, aussi fort et développé soit-il, est vulnérable quand on l’attaque sans qu’il ne soit préparé. J’espère que cette leçon du coronavirus va nous pousser à nous améliorer, à l’inverse des épidémies des siècles passés, comme la peste et la grippe espagnole, qui ont tué des milliers de personnes sans que l’homme n’apprenne vraiment de ses erreurs.
Clément, 16 ans, lycéen, Gardanne