Gabriel O. 19/07/2023

La conseillère d’orientation a choisi pour moi

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Sans l’accord de Gabriel, la conseillère d'orientation a envoyé son dossier de pré-inscription, décidant ainsi de son année de troisième.

À l’époque du collège, tous les collégiens devaient passer la fameuse épreuve de l’entretien avec la conseillère d’orientation, plus communément appelée « La Sorcière ».

Lorsque j’ai rencontré cette personne pour la première fois, j’étais en quatrième. Avant de commencer notre discussion, ma première impression a été de me dire que c’était une femme propre sur elle, bien maquillée et parfumée, bien coiffée. Je la trouvais professionnelle. Mais au fil de notre conversation, je ne l’ai plus trouvé du tout professionnelle. Elle était toujours aigrie avec un visage fermé et un peu méchant. J’avais l’impression qu’elle voulait que l’entretien se finisse rapidement. Pour être honnête, à chaque fois qu’elle me parlait, j’avais les poils qui se dressaient. Je n’osais pas la regarder dans les yeux.

Passionné par l’ingénierie automobile

Durant mon premier entretien avec elle, nous avons commencé à parler de moi, de mes passions, de mon ressenti par rapport à l’école et à l’éducation en général et des projets professionnels. À ce moment-là de ma scolarité, mes notes n’étaient ni excellentes ni insuffisantes. J’étais dans la moyenne quoi. Lors de mon entretien avec elle, nous avons parlé d’une de mes passions qui était, et qui est toujours, la Formule 1. Je lui avais dit que j’adore regarder les qualifications et les courses le week-end à la télé, voir ce qu’il se passe à l’intérieur d’une écurie, la conception du véhicule… Elle prenait des notes mais bon, l’atmosphère était toujours bizarre.

À la fin de cet entretien, je me suis senti délivré, avec une petite euphorie et aussi un petit espoir que je ne la reverrais plus de l’année scolaire. Mais c’était toujours flou par rapport à mon avenir professionnel.

Prépa pro mécanicien

Quelques semaines plus tard, à ma grande surprise, j’ai reçu une convocation de la part de la conseillère d’orientation pour un second entretien avec elle. J’étais dégouté.

Pendant ce deuxième entretien, nous avons surtout parlé de projets professionnels et de l’après-collège, pour commencer à savoir dans quelle filière s’orienter ou dans quel type de lycée aller. Elle avait évoqué de faire une troisième prépa pro dans un lycée professionnel parce que dans ce lycée-là, on pouvait faire un bac pro mécanicien automobile. Elle m’avait proposé ce parcours suite à notre discussion lors du premier entretien.

À ce moment-là, c’était un peu flou. Selon les informations que j’avais trouvé, le lycée qu’elle me proposait était à 30 km de là où j’habitais. Ensuite, les horaires étaient de 8 heures jusqu’à 18 heures. À l’époque, mes parents ne pouvaient pas se permettre de payer l’internat. Donc il fallait prendre le bus le matin à 6 heures et revenir le soir à 20 heures à la maison. Et surtout, je ne pensais pas que la mécanique automobile était quelque chose qui m’intéresserait vraiment. Moi j’aimais bien découvrir la conception des voitures, de la maquette jusqu’aux essais du véhicule. C’était cela qui m’intéressait, pas de réparer les voitures ou de faire des vidanges.

Faire part de ses envies

Je lui ai répondu que ce projet ne m’intéressait pas vraiment, que je devais y réfléchir. Mais par la suite, elle me posait des questions telles que « Pourquoi tu ne veux pas faire ça ? » ou encore « Comment tu peux savoir que ça ne te plaira pas alors que tu n’as pas essayé ? » Les questions qu’elle me posait me mettaient mal à l’aise et je ne savais pas vraiment comment y répondre.

À la fin du second trimestre, il y avait le rendez-vous parents-profs. Pendant cet échange, mon prof principal a mentionné mes entretiens avec la conseillère d’orientation et le bilan qui en sortait et aussi la proposition de la Troisième prépa pro dans un lycée. Il avait l’air assez favorable à cette proposition. Elle, ma mère, était plus intriguée par cette proposition. Je leur ai dit, à ma mère et au professeur principal que je n’étais pas sûr mais pourquoi pas. Je m’étais dit qu’avec cette réponse, ils auraient pensé que je n’étais pas motivé pour aller dans ce lycée. Pour moi, c’était une manière de leur dire que cela ne me plaisait pas, sans pour autant être méchant ou malpoli à l’égard de ce choix.

Inscrit contre son gré

Un mois avant les grandes vacances, j’ai reçu une convocation dans le bureau de la principale adjointe. Je me suis demandé dans quelle merde j’étais encore tombé. D’habitude, quand la principale adjointe me convoquait, c’était parce que j’avais fait des conneries, mais là, c’était pour autre chose. C’était pour mon orientation et surtout pour parler d’un dossier de préinscription.

Pendant cet entretien, j’ai été surpris de voir la conseillère d’orientation avec nous dans le bureau. En fait, la principale adjointe m’avait convoqué pour le projet de Troisième prépa pro. Je n’étais pas bien. Je pensais que cette histoire était du passé, mais non. La principale adjointe et la conseillère d’orientation m’ont informé qu’elles avaient envoyé un dossier d’inscription dans le lycée. J’étais abasourdi. Je ne pensais pas qu’elles pouvaient envoyer un dossier d’inscription sans mon accord, ni celui de mes parents.

Être poussé, accepter et subir

Je leur ai répondu que ce n’était pas vraiment ce que je voulais. Mais elles m’ont répondu que c’est un dossier de préinscription. Elles m’ont aussi dit que si je voulais, je pourrais revenir en général à la fin de cette troisième. Je ne savais pas vraiment trop quoi en penser.

Quelques semaines plus tard, ma mère et moi avons été convoqués par la principale adjointe pour en parler. Elle nous a prévenu que le lycée avait accepté ma candidature pour intégrer le lycée. Après mûre réflexion, ma mère n’était pas contre cette idée de parcours pour moi. J’étais le seul à être sceptique à ce sujet. C’était de mon parcours scolaire qu’on parlait là. Mais avec la validation des professeurs, de la conseillère d’orientation, de la principale adjointe et de mes parents, je n’avais pas vraiment le courage de m’y opposer.

Avec la pression reçue, j’ai malheureusement accepté de faire une troisième prépa pro. Je n’étais pas bien. Avec du recul, le seul regret que j’ai eu est que je n’ai pas su exprimer mon ressenti dans mes choix scolaires, qui m’ont amené à un parcours scolaire pas terrible.

Gabriel, 21 ans, en formation, Angers

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