Simon D. 11/01/2021

Continuité pédagogique : elle est où la continuité ?

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Simon est cas contact et a dû rester isolé chez lui par précaution. Cette semaine de cours en distanciel a fait la différence sur son rythme de travail.

Du 12 au 19 mars, j’ai été confiné chez moi, avec toute ma famille. La cause ? Comme beaucoup de personnes en ce moment, ma mère a attrapé le Covid.

Étant cas contact, le lycée a demandé à ce que je reste chez moi. Je pense que je ne suis pas à plaindre : on a un soixante-quinze mètres carrés avec deux chambres pour quatre personnes. Donc bien qu’on ait mis ma mère à l’isolement dans l’une des chambres, l’espace ne nous a pas vraiment manqué. En revanche, la proximité constante de toute la famille a vite commencé à peser : manque de tranquillité, d’intimité et disputes inutiles sur des sujets inintéressants. Mais surtout, le manque de travail a vite fait remonter l’ennui du premier confinement.

Je réactualisais ma boîte mail toutes les heures

En effet, la « continuité pédagogique », comme le gouvernement l’appelle, n’est pas vraiment constante pour les élèves. On m’avait promis, lorsque l’on m’a envoyé un mail pour me demander de m’isoler, que j’aurais un travail régulier et que les profs me contacteraient pour me transmettre les cours de la journée. En réalité, cela s’est passé différemment.

Je suis resté assis sur mon lit défait en pyjama avec mon ordi sur les genoux toute la journée à ne rien faire. Enfin rien faire… rien en rapport avec le travail en tout cas : j’ai battu mes records dans la plupart des jeux sur mon ordi, j’ai lu un bouquin et surtout je me suis ennuyé comme rarement auparavant. Je réactualisais toutes les heures ma boîte mail sans que je vois un seul mail de mes profs. J’attendais donc le soir pour demander à mes amis de m’envoyer les cours de la journée par WhatsApp. Ce moment était le seul de la journée où je travaillais et où je mettais en action avec la rapidité d’un escargot asmathique.

Le fait de ne pas travailler la journée me faisait sortir de mon rythme de travail et le peu de choses que je faisais me demandait un effort considérable de concentration et de motivation : me lever de mon lit devenait l’escalade d’une montagne, le rangement de ma chambre un soulevé d’haltérophilie, et l’écriture des cours de la journée le décryptage d’un code secret.

La continuité pédagogique, seulement sur le papier

J’ai attendu le mercredi avant d’envoyer un mail à mes profs pour avoir de leurs nouvelles. Certains m’ont répondu, d’autres non. Ceux qui m’ont répondu m’ont donné du travail supplémentaire. Ça ne m’a, malheureusement, pas suffi à tout rattraper et je suis retourné au lycée en sachant moins de choses que ceux restés au lycée. On n’a pas idée comme une semaine en distanciel creuse la distance justement entre les élèves restés au lycée et ceux en distanciel.

La continuité pédagogique, sur le papier, c’est bien… Mais dans la réalité, c’est différent. Je ne pense que ça soit de la faute de mes profs ou, en tout cas, pas de ceux qui ont répondu à mon mail, mais qu’ils ont été juste mal informés de mon absence. Je ne pense pas non plus que ce soit la faute de la direction du lycée débordée en ce moment par l’organisation d’un protocole sanitaire logique et par les rumeurs de fermeture des lycées fin mars.

Je pense juste qu’une continuité pédagogique identique entre un élève chez lui et un élève au lycée est impossible ou, en tout cas, pas dans cette période de flou total où tout le monde est perdu.

 

Simon, 15 ans, lycéen, Paris

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1 réaction

  1. Je lis « le peu de choses que je faisais me demandait un effort considérable de concentration et de motivation » et je me retrouve dans tes mots, ce sont exactement mes jours les pires de ces derniers mois…

    Pour info, ça marche aussi quand on a 55 ans et qu’à la place de l’école c’est le travail ^-^

    Et je me demande : combien d’entre nous, de 7 à 77 ans, comme on dit, ont ressenti la même chose ?

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