Rosa M. 16/01/2024

De la rumeur à la réputation

tags :

Au collège, Rosa s’est liée d’amitié avec un garçon de sa classe. Du jour au lendemain, il a considéré qu’elle était un objet sexuel. Jusqu’à refaire totalement sa réputation.

« T’es devenue une bdh. » Bdh = bandeuse d’hommes, c’est une insulte que les gens ont tendance à utiliser dès qu’ils ne t’aiment pas ou que, selon eux, tu parles trop aux garçons. Cette insulte, elle a été prononcée par un garçon de ma classe, en parlant de moi, devant tout le monde.

Avant ça, on était amis. On se voyait, on parlait. C’était chouette. Je ne sentais aucun signe de séduction entre nous. Mais, au bout de quelques mois, lui a cru qu’il y avait quelque chose. Quelque chose qui n’existait pas. En fait, quand j’ai rencontré d’autres personnes dans la classe, je me suis un peu éloignée de lui. Il n’a pas trop apprécié.

Je ne m’attendais pas à ça de sa part. Si ça avait été quelqu’un d’autre, je n’aurais même pas réagi. Sauf que là, c’était différent, je l’appréciais vraiment. Je ne le pensais pas capable de ça. Je me suis éloignée de lui. Il faisait la victime, comme si rien n’avait été dit. Alors que ça m’a profondément touchée. Je ne comprenais pas pourquoi il s’en prenait à moi.

Des insultes et des gestes déplacés

J’ai fini par lui pardonner et on a recommencé à se parler. Après tout, c’était peut-être un jour de colère, c’était peut-être sorti tout seul… Mais ce n’était plus vraiment la même chose. Je n’arrivais pas à être moi-même.

Un jour, vers la fin de l’année scolaire, après mon entraînement de basket, je suis partie au stade à côté du gymnase. Il était là. Je suis allée le voir pour parler avec lui, ça faisait longtemps. Ma copine était avec moi. On a commencé à parler comme on avait l’habitude de le faire. Et là, je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans sa tête, il a essayé de me toucher. Pas mon bras ou mon visage. Il a essayé de toucher mes seins. Heureusement, j’ai pu éviter.

Mais après, je ne savais pas quoi faire ni quoi dire. J’ai senti mes larmes monter. Je les ai retenues, mais elles étaient déjà visibles. Une fille qui était là a commencé à se moquer. Les autres ont entendu, et la rumeur s’est répandue très vite : « Elle fait genre elle pleure » ; « Elle l’aime » ; « Sale timp’ »… Je suis vite partie chez moi, j’ai coupé tout lien avec ce gars, même sur les réseaux sociaux.

Il a fait ma réputation

Malgré ça, cette histoire me hantait. Les autres venaient me voir pour poser des questions, mais en réalité, c’était pour me parler ensuite. Ils me regardaient d’une certaine façon, je me sentais sans cesse observée, jugée, rétrogradée.

Quatre mois après cet événement, j’ai appris la raison. Selon lui, j’aurais dit : « Si tu es un homme, touche-moi. » Des paroles que je n’ai jamais prononcées ! Ensuite, j’ai appris d’autres choses qu’il répandait dans la cour. Askip, j’étais allée chez lui, je me laissais faire, j’étais une fille facile. Ma réputation était faite !

Ça ne servait plus à rien d’essayer de dire que tout ça était tout simplement faux, plus personne n’allait me croire. C’est un mec, et automatiquement, tout le monde croit ce qu’il dit. Ma voix était inaudible.

Rosa, 14 ans, collégienne, Villiers-le-Bel

Partager

Commenter