Maria R. 04/04/2023

Déménager en France pour mes libertés

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Maria a grandi avec plusieurs cultures. Cela lui permet d’avoir un regard particulier sur ce que veut dire « être une femme » dans le monde.

Je m’appelle Maria, j’ai 16 ans, et je suis d’origine arménienne et iranienne. Deux origines différentes, deux cultures différentes et deux religions différentes… J’ai grandi avec le poids d’être une étrangère dans mon propre pays et dans le pays où je vis, la France.

Je suis née en Arménie à Erevan. Je suis arrivée en France à l’âge de 2 ans et demi avec ma famille. Mes parents souhaitaient vivre en Europe dans le but de me donner un meilleur avenir, et pour que je puisse avoir plus de libertés en tant que femme.

Depuis le plus jeune âge, j’ai subi beaucoup de harcèlement de la part de mes camarades, de mes professeurs et même de mes amies… Leurs excuses ? Parce que je suis différente, que je n’ai pas la même religion, ni la même origine, ni la même apparence. J’ai commencé à ressentir cette différence lorsque j’avais 10 ans… J’ai compris que j’étais « différente » des autres à cause de la façon dont les gens se comportaient avec moi.

La chance d’avoir plus de libertés

La situation des femmes en Iran et en Arménie est assez difficile au niveau social, ce sont des pays qui n’ont pas les mêmes valeurs qu’en France. Malheureusement, certaines filles se marient à l’âge de 16 ans et ne finissent pas leurs études dans le but de s’occuper de leur famille. L’homme, c’est celui qui doit travailler et gagner de l’argent. La femme, celle qui s’occupe des enfants.

Ma grand-mère a subi un mariage forcé et elle s’est mariée à l’âge de 16 ans, alors qu’elle voulait devenir journaliste ! Elle n’a pas eu l’opportunité de continuer l’école et de pouvoir faire le métier qu’elle souhaitait. C’est important de réaliser la chance que certaines personnes ont en Europe d’avoir plus de libertés.

Si j’étais en Iran je serais sûrement déjà morte, puisque je suis de religion chrétienne. J’aurais été persécutée car je ne voudrais pas porter le voile. Il est important d’avoir le choix et de prendre nous-mêmes nos propres décisions sans devoir subir la pression de la société.

Pas à ma place ?

Le plus difficile, lorsque nous avons deux nationalités, c’est de ne pas se sentir à sa place, dans n’importe quel endroit. C’est de se sentir toujours différent et mis à l’écart, de ne pas être réellement compris. Mais l’avantage d’avoir plus d’origines, c’est d’avoir la possibilité d’avoir un champ de vision plus grand et plus vaste, de ne pas regarder le monde d’une seule façon et de ne pas avoir qu’une seule mentalité.

Ma mère ma toujours dit que j’allais devoir travailler deux fois plus que les autres pour réussir. Elle a raison, la vie ne m’a pas fait de cadeau. C’est à moi de réussir en tant que femme pour me battre pour mes droits, mes libertés, mes choix et de vouloir l’égalité.

Oui, je suis une étrangère aux yeux du monde entier et je suis fière de l’être, car je ne dois pas avoir honte de mes racines. Pendant longtemps, j’ai caché mes origines, ma religion, mes pensées mais ce n’est pas à moi de me cacher ou d’avoir honte de qui je suis… La société n’inclut pas les personnes avec une histoire aussi riche que la mienne. Heureusement, les nouvelles générations font évoluer les mentalités pour avancer dans un monde meilleur. Comme ma mère, qui est une battante, une femme forte et une féministe qui m’a permis de vivre dans un pays où j’ai mes droits.

Maria, 16 ans, lycéenne, Toulouse

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3 réactions

  1. Merci de ton témoignage. Ça permet aux gens qui sont nés dans les meilleures conditions de voir comment les autres galèrent

  2. Merci pour t’as sincérité ton article dévoile les problème de la société sur les différents points d’intégration des étrangers, et transformation des problèmes à l’opportunité.

  3. Bravo je pense que tu as dis se que beaucoup de gens pense et tu as raison !!

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