Au divorce de mes parents, j’étais une boule de nerfs
Dix ans plus tard, je m’en souviens encore très bien. Tout est intact dans ma mémoire. Mes sentiments, mes peurs, mes colères. Tout a commencé quand j’avais 4 ans. Ma mère était enceinte de mon petit frère. Mon père, lui, n’était pas souvent là, à cause du travail, disait-il. Quand il rentrait, il repartait cinq minutes après pour sortir avec ses amis. Ma mère était triste, je le voyais, je le sentais, mais elle essayait de ne rien me montrer. Je ne voyais presque pas mon père. Ma mère s’occupait de moi mais je savais que ça n’allait pas avec lui. J’étais souvent triste.
Souvent, mes parents se disputaient. Ils s’enfermaient dans la cuisine et moi j’étais dans le salon. Seule. Je pleurais en silence. Je ne voulais pas que mes parents voient que j’étais mal. J’avais perdu toute joie de vivre. Les jours passaient, les disputes s’enchaînaient. Elles étaient de plus en plus fortes.
Mon nouveau quotidien
Quand ma mère a accouché, mes parents donnaient une bonne image de leur couple devant les gens. Ils souriaient même, alors qu’à la maison, ça n’allait plus du tout. Ils ont fini par divorcer, j’étais dévastée. Le responsable de toute cette histoire, pour moi, c’était mon père. À partir de ce moment-là, j’ai décidé de ne plus le calculer.
On vivait à côté de Clermont-Ferrand. Mes parents ont alors décidé de déménager dans le sud. Ils nous ont envoyés chez ma tante, chez qui j’ai logé jusqu’en CE1. Dans cette maison, j’ai retrouvé le sourire, la joie de vivre. Ce fut comme une parenthèse enchantée.
Je jouais avec mes cousins et cousines mais, au fond de moi, je savais que ce sourire allait bientôt disparaître. Je profitais au maximum ! Quand mes parents ont trouvé chacun un appartement, cette vie-là s’est arrêtée. Ma mère a trouvé quelqu’un avec qui je m’entendais bien, j’étais super contente pour elle. Elle était heureuse. Mais, pour moi, mon père n’avait pas le droit d’être heureux.
Ma vie devenait un fiasco
Un jour, j’ai appris qu’il s’était marié sans même nous inviter et nous en parler. Ça m’a dégoûtée. Je n’avais rien vu venir ! Sa femme a emménagé chez lui, je lui ai fait la misère. Je sortais tout le temps. J’allais chez ma tante pour ne plus penser à ça. J’étais devenue une boule de nerfs, je me battais souvent avec les autres. Ma vie était devenue un fiasco. J’étais méchante avec tout le monde. Personne ne me reconnaissait, même moi, je ne me reconnaissais pas. J’avais honte.
À 7 ans, j’ai fait un truc que je ne me pardonnerai jamais, une chose horrible que j’ai fait subir à ma famille. J’ai inventé un gros drame qui a pris une ampleur horrible. Sur le coup, je ne m’en suis pas rendu compte. J’étais encore petite, mais suite à ce mensonge, ma famille ne se parlait plus. J’avais tout détruit. Mon père a su que j’étais à l’origine de cette embrouille. Il m’a dit : « Ça va trop loin, j’ai honte de toi. » Puis ne m’a plus adressé la parole.
Aujourd’hui, j’ai 14 ans et tout s’est arrangé avec mon père, mais il nous a fallu du temps à tous les deux. Il passe plus de temps avec moi et mon petit frère, même si je ressens toujours un petit blocage avec lui. J’ai retrouvé mon sourire grâce aux personnes qui m’entourent. Je me suis excusée envers ma famille. J’ai compris que, par vengeance, on peut vraiment faire n’importe quoi. Mais ça n’en vaut pas la peine.
Nailla, 14 ans, collégienne, Nîmes