Clara P. 16/01/2024

J’ai du mal à me faire des amis

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Clara sort moins que les jeunes de son âge. Elle a du mal à nouer des amitiés et à se sentir à l’aise avec eux. Celles dont elle se sent proche, ce sont les femmes plus âgées de sa famille.

J’ai du mal à créer du lien. Aller vers les autres, me faire des amis, ça n’a jamais été mon point fort. Il n’y aucune personne que j’arrive à considérer comme un ou une meilleur·e ami·e. Quand j’étais enfant, pendant ma scolarité, aux récréations, j’étais toujours seule dans un coin. En sport, quand il fallait faire des équipes, je faisais toujours partie des dernières choisies. Au lycée, je mangeais très souvent seule. Ça m’est même arrivée plusieurs fois de sauter des repas pour ne pas aller à la cantine. Pendant les cours, à chaque fois qu’on avait des travaux de groupe à faire, j’avais l’impression qu’on se mettait avec moi par défaut et non par choix.

J’en ai discuté avec une prof, qui m’a mise en contact avec d’autres élèves. J’ai pu manger avec eux mais pareil, c’était juste temporaire, car dès qu’on a quitté le lycée, on ne s’est plus jamais revus.

Toutes les personnes sont de passage dans ma vie. À part quelques exceptions, comme des personnes que j’ai pu rencontrer quand j’étais en école primaire et les enfants des amis de mes parents. On a tous environ le même âge, on a grandi ensemble. Mais maintenant qu’on est plus grands, ils se sont aussi fait leurs propres amis. Je ne les vois qu’une fois par an, pour des anniversaires.

Des soirées en famille

Je ne suis jamais, ou alors très rarement, invitée à des soirées. Les personnes de mon âge sortent beaucoup plus que moi, je peux le constater sur les réseaux sociaux. Je suis très souvent chez moi, sur mon téléphone. Je fais du théâtre, je monte des vidéos que je poste sur mon compte TikTok. La majorité des soirées que je fais sont avec ma famille et avec les amis de mes parents et leurs enfants.

Je ne suis jamais allée en boîte, à part une fois, un été. C’était la première et dernière fois de ma vie. Ça m’a vraiment surprise. Je trouvais ça irréel. J’y suis allée avec un groupe d’amis dans un camping. Il y avait aussi ma mère et ma sœur ainsi que des personnes qu’on a rencontrées sur place. On était un bon gros groupe, une dizaine voir plus. On y est allé sur un coup de tête. Je me suis vraiment sentie intégrée, mais ça m’a aussi fait bizarre, je ne pensais pas que le jour où j’irais, il y aurait ma mère avec moi.

Avec le temps, je me suis rendu compte que les personnes que je considère comme des amis proches ne me considèrent sûrement pas de la même manière. Elles passent du temps avec moi par gentillesse, elles ont de la sympathie pour moi, mais ça ne va pas plus loin. C’est moi qui me suis dit tout ça. J’ai remarqué qu’elles ne se comportent pas avec moi comme elles peuvent se comporter avec d’autres. Si je ne viens pas vers elles, elles ne viennent jamais vers moi ou très rarement. Moi, je n’arrive pas à leur poser des questions, même si je suis intéressée par leurs vies. Je parle beaucoup de moi et j’ai énormément de mal à créer et à maintenir des conversations.

Ma seule relation était une illusion

J’ai eu quelques expériences sexuelles. Je n’ai eu qu’un véritable petit copain. Il a dix ans de plus que moi. Je l’ai rencontré lors de mon ancienne formation. On était tous les deux dans le même groupe et dans le même hébergement, nos studios étaient à côté. On se voyait souvent que tous les deux. C’est comme ça qu’on s’est rapprochés.

Il n’y a pas longtemps, sa nouvelle copine m’a dit que tout ce que je pensais avoir partagé avec lui n’avait été qu’une illusion. Il serait venu vers moi juste car, d’après lui, je serais une fille facile à avoir. Il me l’a confirmé après. Je me suis limite sentie manipulée. Ça m’a fait mal. C’est moi qui l’avait quitté après environ quatre mois mais tout ce que j’avais ressenti pour lui était sincère, je l’aimais vraiment.

À l’aise avec des femmes plus âgées

Je n’ai pas envie de saouler les personnes de mon âge avec ces problèmes. Quand je parle, je ne sais pas si elles m’écoutent juste par politesse. Je me demande si ça les intéresse vraiment, si elles ont vraiment envie de m’aider, si ça leur fait réellement plaisir. Mais c’est un sujet que j’ai déjà abordé avec des psychologues et des personnes de ma famille avec qui je me sens à l’aise et en confiance. En général, je suis plus à l’aise avec des femmes plus âgées que moi.

Par exemple, ma tante et mes cousines, qui ont entre 18 et 47 ans. Elles ont plus d’expérience. Elles ont un point de vue différent des personnes de mon âge. J’aime leur côté maternel. Elles me connaissent depuis que je suis toute petite, ça aide. Avec elles, je me sens écoutée, conseillée et aidée sans qu’on me juge. Je me sens aussi libérée d’une sensation de poids que je peux avoir en moi.

Clara, 21 ans, stagiaire, Marcoussis

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