Dubaï, c’est que du vide
Une grande ville artificielle où des grands influenceurs allaient. C’était la seule image que j’avais de Dubaï. Ce n’était pas une ville qui me donnait envie… et j’ai eu raison de ne pas avoir envie d’y aller et d’y retourner. La ville est déserte, les rues sont vides. Les seules « choses à faire » sont d’aller au plus grand centre commercial du monde et d’autres trucs qui poussent à mort à la consommation… Et c’est très désagréable.
Je suis parti à Dubaï pour le travail, pour filmer des concerts de musique classique au Coca-Cola Arena et à l’Opéra. J’étais un peu excité avant de partir, je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais : c’était la première fois que je faisais un aussi gros projet en tant que cadreur, c’était nouveau. Au final, j’avais plus peur par rapport au travail qu’à la ville.
Dubaï, c’est grand, vide et sans odeur
Je suis arrivé de nuit, donc une des premières choses qui m’a marqué, c’était les distances. C’est une ville très grande et très longue, soixante kilomètres de l’aéroport à l’hôtel… On a mis longtemps ! Quand on allait au travail ou qu’on en rentrait, en voiture, tu croisais pas un mec dans les rues. C’est déstabilisant, parce qu’on est habitués à la France où il y a du monde dans la rue, où ça bouge, ça vit.
Je me suis un peu promené quand j’étais là-bas, mais j’étais dans le quartier d’affaires, donc pas grand chose à faire. Je me suis baladé cinq minutes et j’étais déjà en sueur. Un jour, il a fait 41 degrés, ressenti 54… L’enfer. Il y a de la clim partout par contre, dans n’importe quel bâtiment de la ville. D’ailleurs, la ville, c’était que des bâtiments. Des gratte-ciels ou des centres commerciaux immenses. J’avais la sensation d’être tout petit et c’était désagréable.
Une fois, je suis allé au souk. C’était sympa, il y avait de l’ambiance, même si tu voyais que tous les magasins étaient les mêmes et que c’était un peu un attrape-touristes. Entre les aliments et les épices, tu sentais enfin que la ville avait une odeur. Parce que là-bas, tu sens aucune odeur, c’est neutre comme ville. Je me suis baladé à Vitry en rentrant, tu passes devant une boulangerie, tu passes devant un resto… ça sent bon quoi ! Mais là-bas, à part la pollution de temps en temps, tu sens rien du tout !
Une pause à l’oasis… pour acheter des vêtements
L’attrape-touristes, c’est partout. Même dans le désert, c’était ça… On y est allés un jour off. Genre notre guide nous a dit « on fait une pause à l’oasis », mais en fait c’était juste un endroit où acheter des vêtements. Deuxième lieu, c’était pour faire du quad. La troisième fois, on s’est arrêtés dans un soi-disant « village typiquement arabe » mais non, ce n’en était pas un. Il y avait beaucoup d’indiens qui tenaient les stands… Et à chaque fois, il n’y avait que des touristes !
Ce qui m’a marqué aussi, c’est l’esclavage des travailleurs indiens. Une fois, on est arrivés à l’opéra le soir : il y avait dix cars de travailleurs indiens qui partaient et dix cars qui arrivaient pour travailler la nuit. Tout ce qui est main d’œuvre pas chère travaillait sur des chantiers.
Je n’ai pas croisé beaucoup de Dubaïotes. L’hôtel était tenu par une Marocaine, une Sénégalaise et sinon des Indiens. Pas des gens de Dubaï. Il y avait un seul mec avec qui on bossait qui était vraiment originaire de Dubaï, mais c’est le seul que j’ai rencontré. J’ai appris qu’il y avait trois millions d’habitants et 10 % de Dubaïotes.
A Dubaï, les loisirs se font sans plaisir
Un jour, j’étais off, on est allés au plus grand parc à thème couvert du monde, l’IMG World of Adventure. Et c’était nul à chier. C’est grand et vide, comme tout le reste de la ville. On était cinquante à tout casser dans la journée. Le parking était immense et on était la seule voiture.
On est beaucoup restés dans l’hôtel, au bar, pour boire des coups. La vie dans la ville est morte… On n’avait quasi nulle part où sortir le soir. Bref, vraiment mauvais comme ville. J’en avais juste marre du pays à la fin et il y avait trop de trucs qui me manquait, la famille, les amis… et le pain. Je n’ai pas envie d’y retourner. Toute l’équipe pense comme moi. Sur les trente-quatre qu’on était, personne n’a aimé.
Martin, 21 ans, cadreur, Vitry-sur-Seine