Ma dyscalculie, les profs et moi
Depuis toute petite, je souffre d’une maladie, la dyscalculie. C’est un trouble d’apprentissage des mathématiques, une difficulté à comprendre et à utiliser les chiffres. Et cela me met en difficulté à l’école.
Bien sûr, j’ai été accompagnée depuis qu’on m’a diagnostiqué ce trouble. Mais il y a eu des moments dans ma scolarité où certaines personnes, certains profs, ne comprenaient pas la réelle difficulté que je pouvais rencontrer.
La dyscalculie, un poids en plus
À cause de ce handicap il m’est arrivé d’être en conflit avec certains de mes profs. Comme par exemple en CM2, ma prof pensait que j’exagérais sur mon incompréhension à certaines consignes ou problèmes à résoudre. Au collège, ce sont les autres élèves qui ne comprenaient pas pourquoi j’avais du temps en plus ou des aménagements. Ils trouvaient ça injuste. Dans tous les domaines cette maladie me rajoute un poids en plus : la lenteur. Le rythme étant parfois trop rapide, il m’est difficile de suivre même si j’aime étudier, surtout le français et l’anglais.
Aujourd’hui je suis en seconde et le programme des sciences et des maths devient de plus en plus compliqué et sans accompagnement c’est encore plus complexe. Des professionnels comme un orthophoniste ou un orthopédagogue peuvent aider, mais cela fait au moins quatre ans que je n’ai plus de suivi à l’extérieur de l’école. C’est très difficile d’en trouver, à cause notamment des horaires de cours, de la distance ou tout simplement de la place disponible.
Faire comprendre mon handicap
Même si cette maladie ne m’affecte plus vraiment au niveau des relations amicales, familiales, ou amoureuses, aujourd’hui c’est toujours le même problème : j’essaye de faire comprendre aux profs mon trouble. Certains comprennent, d’autres moins. Par exemple, cette année ma prof de maths ne m’autorise pas la calculette lors des contrôles alors c’est que quelque chose qui est indispensable pour m’aider car je ne peux pas calculer de tête ! C’est pourtant écrit dans mon Plan d’accompagnement personnalisé (PAP) que j’y ai droit.
Je sais que je suis quand même « accompagnée » à l’école… Mais ça m’est arrivé de me sentir beaucoup trop à l’écart des autres. D’avoir cette impression de rater des choses. Il m’est arrivé de craquer par tristesse et de me demander : « Pourquoi ne suis-je pas une personne normale sans problèmes ? »
Un travail adapté
Ma sœur de 19 ans souffre de dyscalculie comme moi. Elle a eu à peu près la même expérience au cours de sa scolarité. Les mêmes difficultés avec ses profs, d’autres élèves. Cette maladie l’a bloquée dans ses études. Après le premier confinement, elle a réalisé qu’elle voulait travailler dans le domaine du développement durable … et évidemment il y a des matières scientifiques ! Cette maladie aura toujours un impact sur nos vies professionnelles. On est nées comme ça et on pourra toujours essayer de travailler sur nos difficultés, elles seront toujours avec nous.
Grâce à ce trouble j’ai pu comprendre que les professeurs ont le pouvoir d’avoir le choix d’aider des élèves en difficulté, de s’engager auprès d’eux. Certains professeurs ont douté de moi, ont refusé de m’aider. D’autres m’ont inspirée par leur façon d’enseigner et ont choisi de me soutenir. Je pense qu’un professeur doit être là pour nous aider à affronter les difficultés et pas pour nous rabaisser.
Leane, 15 ans, lycéenne, Toulouse