En France pour aider sa famille au bled
Mon père est électricien. Certains mois, il donne 500-600 euros à la famille. D’autres, plutôt 100-200 euros. Moi aussi, je veux gagner de l’argent pour aider ma famille au bled, au Sénégal. Si je gagne beaucoup, je pourrais donner 400-500 euros.
Je suis arrivé en France en 2022. Mon père y était déjà depuis les années 2000. Il a grandi ici, puisqu’il est arrivé tout petit. Il venait au Sénégal pendant ses vacances. C’est là qu’il a rencontré ma mère.
Depuis un mois, je cherche un contrat d’apprentissage, en tant qu’électricien aussi. Je suis allé déposer mon CV dans cinq entreprises. Dans de grosses entreprises publiques et privées. Certaines ont pris mon CV et étaient gentilles, d’autres non et me disaient : « Non, non, on n’a pas le temps. » Jusqu’à présent, je n’ai pas reçu de réponse. J’ai jusqu’à 20 ans pour trouver mon contrat. Là, j’ai bientôt 19 ans. Avant, j’ai fait un mois de stage en mécanique automobile. Là-bas, on m’a dit qu’en 2025-2030, il n’y aura plus de mécaniciens automobile, que des électriciens. À cause des voitures électriques. C’est comme ça que je me suis dit : « En étant électricien, je pourrais gagner de l’argent. »
Mon père m’aide à chercher, parce qu’il connaît des gens qui travaillent en électricité-bâtiment. Il a un ami qui travaille dans ce domaine. Il peut m’embaucher. En fait, il connaît des gens qui travaillent dans le domaine de l’électricité en général. Une association m’aide aussi pour développer des compétences transversales : mes capacités orales (me renforcer en français), et trouver un stage afin de découvrir le métier d’électricien du bâtiment.
Courir après l’argent, vivre mieux
Au Sénégal, il y a ma mère, mes cousins, mes tantes et ma grand-mère. Mon père a commencé à leur donner de l’argent quand il était à l’armée en France. Pour ma famille, c’est mieux ! Ça permet de faire les courses. Mon père a aussi acheté une voiture, un 4×4, pour aller aux courses, aller chez les gens, et pour lui quand il vient en vacances. Entre les villages, c’est loin, et il n’y a pas beaucoup de transports en commun. Alors, des fois, ma famille devait marcher. On a aussi construit une maison pour les vacances.
Mes cousins travaillent, mais ils ne gagnent pas trop. Au Sénégal, c’est facile de trouver un travail, mais ça ne paie pas beaucoup. Il y en a qui font de la mécanique, un qui est vendeur dans des boutiques, un autre qui fait des carrelages… Ça paie environ 327 980 CFA, ça fait 500 euros par chantier. Ils ne sont pas payés au mois.
En arrivant à Paris, je me suis dit que ce n’était pas bien. Ici, il faut courir après l’argent. La vie coûte cher entre l’appartement, les courses et les impôts. Aussi, il y a des lois que je ne trouve pas bien. Par exemple, celles sur l’immigration et sur l’abaya. J’aimerais vivre à nouveau au Sénégal. Mon rêve serait d’y créer mon entreprise.
Zalniska, 18 ans, volontaire en service civique, Paris