Ecologie : travailler pour la planète, pour mes enfants
À la fin de mon congé maternité, je ne me voyais pas reprendre une activité professionnelle dénuée de sens. Je me suis dis : « Si je travaille pour payer quelqu’un pour garder mes enfants, autant le faire pour un métier qui ait du sens ! » Il y a un peu plus de deux ans, Céleste et Raphaël sont nés. Pendant mon congé, j’ai eu la chance de réaliser un coaching de six mois pour trouver un équilibre entre ce que j’allais faire la journée et ce que j’allais transmettre à mes enfants. J’ai enfin compris que certains de mes emplois précédents n’étaient pas en rapport avec mes valeurs.
Depuis mon adolescence, je suis sensible à l’environnement, au développement durable, à notre impact carbone sur la planète. Dès que j’ai pu partir de chez mes parents, j’ai appliqué et mis en œuvre mes convictions : inscription dans une AMAP, achat de produits biologiques, tri des déchets. Avoir des enfants m’a donc poussée à aller plus loin dans ma démarche : que faire au quotidien en me sentant droite dans mes bottes ? En ayant ce sentiment d’être utile et de faire du bien autour de moi ?
Mes priorités étaient d’avoir un job fixe et de l’expérience
Mes deux dernières expériences professionnelles ne m’avaient pas vraiment convenu. Mais je me disais que ce n’était pas grave. Mes priorités étaient d’avoir un job fixe et de l’expérience dans le métier de cheffe de produit. La première expérience, c’était un an et demi dans un poste de cheffe de produit marketing opérationnel dans le secteur de la farine : c’était du conventionnel, de la farine pour artisans boulangers avec du blé non bio. Pour ma deuxième expérience, j’ai favorisé l’innovation au reste. J’étais cheffe de produit marketing pour une marque de pancakes, scones et chips. Emballés sous plastique et vendus en supermarché.
Avant, j’avais fait des études de commerce, spécialité marketing et communication, pour travailler dans le développement durable. J’avais travaillé cinq ans comme responsable commerciale de produits biologiques et diététiques, puis j’avais évolué sur un poste de cheffe de produit sur la marque Bjorg, Bonneterre et Compagnie. Je m’y sentais super bien, mais j’avais dû quitter mon emploi et la région pour rejoindre mon mari sur Paris.
Je vais plus loin qu’avant pour laisser une planète vivable
En parallèle du coaching, j’ai participé bénévolement au salon Marjolaine, pour l’association Agir pour l’environnement. Mais il y avait trois, quatre actions dans l’année et c’était tout : des pétitions pour interpeller le gouvernement, des appels à manifestation, mais rien de concret sur la suite, sur ce qu’on veut construire comme monde après. Ça a renforcé mon idée : « Faut que je fasse quelque chose qui aille plus loin. » Ok, c’est bien d’adhérer à Greenpeace, à une AMAP, de manger des produits bio, mais ça ne suffit pas à faire changer les choses. Je me suis demandée : avec l’expérience que j’ai, comment pouvais-je me rapprocher du secteur d’activités qui m’anime ?
Quand j’ai découvert l’Association Espaces et les projets qu’elle porte, j’ai compris que ma place était là. Elle donne un coup de pouce à des personnes loin de l’emploi via des projets en lien avec la nature. J’y ai été embauchée il y a un an et demi. Je manage et coordonne quatre équipes en insertion pour amener les salariés vers des métiers différents : celle de CultiCime, projet de maraîchage biologique en insertion sur les toits d’un centre commercial à Aubervilliers ; celle de La P’tite Boutique des Créneaux à Chaville, projet de réemploi et d’économie circulaire en insertion, avec de l’animation et de la gestion de jardins partagés ; enfin, celle du Café Solidaire du Jardin du Piqueur dans le domaine du parc de Saint-Cloud, café associatif mixant une équipe de bénévoles et de salariés en insertion.
Je m’assure que ces projets se réalisent et soient financés. Je suis en contact avec des collectivités locales, des communes, des bailleurs sociaux, des citoyens, je peux valoriser les projets. Et j’ai le sentiment qu’à travers eux, je vais plus loin qu’avant pour laisser une planète vivable. Le confinement nous l’a prouvé : si on fermait les frontières, on serait incapable de se nourrir. Alors qu’on a un pays suffisamment grand qui pourrait devenir autonome. Quand je vais sur le site de CultiCime, à trente mètres de haut et surplombant le béton d’Aubervilliers, je me dis que j’ai fait le bon choix.
Pendant le confinement, mes enfants ont commencé à parler. Depuis, ils me disent : « Maman est pas là, elle va au travail. » Je me dis que je ne les laisse pas la journée pour rien. Je suis fière de pouvoir, à mon échelle, mettre ma pierre à l’édifice d’une société qu’il nous faut réinventer pour nos enfants.
Charlotte, 34 ans, salariée, Châtenay-Malabry