Faire un métier créatif n’est pas une bonne idée

Il y a quelques mois, je me suis découvert une passion pour la musique. J’ai installé un logiciel de musique nommé Fruity Loops, assez utilisé dans le milieu du beatmaking, et j’ai tout de suite accroché. Il est assez simple d’utilisation. En quelques minutes, j’avais déjà créé une petite mélodie que je trouvais géniale. En la réécoutant maintenant, je la trouve juste horrible.

Ce jour-là, j’ai passé une nuit blanche à regarder des tutos sur internet. Mon côté créatif avait totalement pris le pouvoir sur moi, il me guidait pour créer de plus en plus de mélodies. J’utilisais différents instruments déjà installés sur le logiciel ou alors des banques de son que je téléchargeais.

J’essaie toujours de m’améliorer dans ce domaine. J’y passe de plus en plus de temps. Tous les soirs, je lance mon logiciel, j’y passe environ deux heures. Je me suis amusé à partager mes musiques sur internet, en particulier sur Instagram et YouTube. J’aime tellement ça que j’y pense tout le temps. J’ai même acheté du matériel, des banques de son. Pour Noël, j’ai reçu un clavier pour pouvoir créer des mélodies qui s’enregistrent automatiquement sur mon ordinateur.

Musicien de père en fils

Cette passion vient en partie de mon père. Lui aussi fait de la musique (piano, DJ…) depuis tout petit, mais il n’en a pas fait son métier. Avant le Covid, j’allais l’aider à installer le matériel de musique sur des petits concerts ou des soirées organisées par l’école de mon village. Cela a recréé un lien qui avait disparu car j’ai souvent tendance à m’embrouiller avec mon père. La musique est notre seul lien de complicité. Je lui montre des prods, il me fait écouter ce qu’il joue au piano… Cependant la musique peut être source de tensions.

Pour l’instant, je ne suis que débutant. Si jamais j’arrive à un bon niveau, j’aimerais vivre de cette passion et me concentrer sur les productions musicales. Cependant mon père n’est pas du même avis que moi. Il me répète qu’il est très difficile d’en vivre car il y a beaucoup de personnes dans les domaines culturels comme la musique.

Les métiers créatifs m’ont toujours attiré

Avec le recul, je me rends compte que cette passion colle avec ce que j’aime faire. Depuis tout petit, je filme vraiment TOUT. Encore aujourd’hui je fais du montage vidéo, j’adore ça. Je voulais en faire un métier mais je me suis rendu compte que, dans ce domaine, il faut des contacts.

Du coup, j’ai arrêté d’y penser, j’ai rangé mes rêves, et je suis parti sur une vision plus crédible de mon avenir professionnel, d’après ma mère. Ce n’est pas qu’elle me barre la route, mais plutôt qu’elle essaie de m’orienter vers quelque chose de plus stable et sécurisé pour que je puisse avoir un avenir.

Une passion peut devenir un métier, non ?

Ma mère est enseignante, elle a toujours voulu faire ça. Mon père est informaticien, et lui aussi a toujours été branché informatique. Il estime qu’il ne faut pas confondre une passion avec un métier que l’on se verrait faire dans dix ans. Je ne le comprends pas puisque plein de personnes vivent de leur passion. C’est vrai que c’est un risque à prendre car il faut pouvoir réussir à gagner sa vie dans ce domaine, ce qui n’est pas toujours le cas.

J’estime qu’il y a deux types de métier : les métiers crédibles et les métiers à risques. Les métiers crédibles sont basés principalement sur le travail tandis que les métiers à risques sont basés sur le travail et la chance.

En fait, je me suis bien posé la question. En général, il est très difficile de s’insérer dans le domaine culturel. Les beatmakers professionnels ont soit des contacts, du talent et de la chance. Moi étant très peu chanceux je vais essayer de miser sur le talent que je n’ai pas encore. Pour l’instant, la seule façon de monter dans ce milieu est de poster mes musiques en espérant que des rappeurs tombent dessus. Ce qui est assez rare.

Pierre, 15 ans, lycéen, Erbrée