Sara A. 15/06/2023

La famille de mon père, c’est Netflix

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Quand Sara retourne dans sa famille au Maroc, c’est toujours l’aventure : entre dramas et problèmes, pas le temps de s’ennuyer.

Tous les étés, avec mes parents, mon grand frère et mes deux petites sœurs, nous partons au Maroc voir notre famille. Mon père conduit tout le trajet jusqu’en Espagne, en direction de Barcelone ou Almeria, puis nous prenons le bateau. Chaque année, c’est à peu près le même scénario. Le trajet en voiture est long mais se passe très bien, j’aime bien cette ambiance. On s’amuse avec mon frère et mes sœurs, on se chamaille aussi mais c’est chouette. On a nos habitudes.

En fin d’après-midi, on arrive au port, on gare la voiture, et on se promène en attendant le bateau. Une fois dedans, ça passe vite. On arrive le lendemain matin à 6h dans ma ville, Nador : ça sent le poisson fort mais j’aime ça. En temps normal, je n’aime pas cette odeur, mais ici, c’est différent. C’est le début des vacances, je suis joyeuse et excitée de retrouver toute ma famille.

Des surprises à tous les repas

On commence par embrasser tout le monde. C’est un rituel qui se répète aussi tous les matins. Tout le monde rentre dans le salon pour prendre le petit déjeuner. Les repas sont toujours des moments remplis de surprises. La famille de mon père, c’est Netflix, il se passe toujours quelque chose d’imprévu. Genre je suis en train de manger quand en face de moi, mes deux tantes regardent ma mère et commencent à chuchoter, sans se cacher, et à rigoler. Je trouve ça gênant. Elles parlent mal de ma mère car elles font toujours ça. Je fais semblant, je continue à manger comme si de rien n’était. Les chuchotements se répètent à longueur de repas. Ma mère les voit mais elle a toujours eu une bonne mentalité, et ne calcule pas ce genre de chose.

Un jour, on était tous chez ma grand-mère, les cousines de mon père étaient là aussi. On avait besoin de deux grandes tables et les enfants étaient sur le toit terrasse. Nous étions nombreux. Ma mère m’appelle et me dit de descendre. J’y vais et j’entends que ça crie de partout, je rentre chez ma grand-mère effrayée. Je me demande ce qu’il peut bien se passer ! La cousine de mon père est en train de crier sur mon grand frère. Je retourne sur la terrasse voir mes cousins et cousines. Je discute avec eux pour comprendre ce qu’il se passe mais personne ne veut me raconter. Quelques minutes après, mon frère (il a 17 ans) monte énervé, et se met à regarder par la terrasse. Il me raconte. La cousine de mon père a perdu son bracelet et l’accuse de lui avoir volé. Elle a même fouillé son sac et ses poches.

On ne veut pas se quitter

Cette fois, ma mère n’est pas d’accord avec cette version, et le fait de traiter ses enfants de voleurs. Elle est très en colère. Toute la maison de ma grand-mère est sens dessus-dessous. Quelques heures plus tard, la cousine retrouve son bracelet par terre et ne s’excuse même pas d’avoir accusé mon frère sans preuve.

Malgré tout, nous retournons chaque année au Maroc, car ça reste notre famille. Il y a mes grands-parents, qui sont âgés, on ne sait pas si d’une année sur l’autre, on les reverra. Et ça se termine toujours de la même manière. Le dernier jour, malgré tous les dramas, on finit toujours par pleurer. On repense à tous nos meilleurs moments, on ne veut pas se quitter même s’il y a toujours quelque chose pour gâcher les bons moments. Comme quand ma tante avait fait tout un drame parce que ce n’est pas elle qui avait préparé le couscous, mais la femme de mon oncle.

Sara, 14 ans, collégienne, Nîmes

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