Marcus M. 12/01/2023

Le foot, ma vie, mon stress

tags :

Marcus vit pour le football. Le jour où son entraîneur l’a relégué au niveau inférieur, tout son monde s’est écroulé.

Ça fait bientôt six ans que je joue au foot, j’ai commencé à m’y intéresser très jeune. Rien de très surprenant, je suis dans une famille de footeux : mon père a joué, mon frère joue. Chez moi, on regarde les matchs presque tous les jours, on ne peut plus vivre sans. Pendant la Coupe du monde, vous imaginez l’ambiance à la maison !

Je suis un footeux, un vrai. Dans ma vie, le foot prend beaucoup de place, et d’argent. J’ai 13 ans et en 2022, j’ai payé ma licence 400 euros. C’est beaucoup. L’année dernière, je me plaignais de la payer 160 euros au club de Villiers-le-Bel. Cette année, je suis parti à l’AAS Sarcelles. Et là, surprise : la licence coûte beaucoup plus cher, mais mes parents savent que le foot c’est ma vie.

Les entraînements sont plus intensifs et demandent plus de concentration qu’à Villiers-le-Bel. J’ai beaucoup progressé. Mais, un jour, le coach m’a dit que j’allais descendre en équipe 3. J’étais bouleversé, je me suis senti humilié, je trouvais son choix injuste. Mon père était présent et je sais que, ce jour-là, je l’ai déçu. Quand je suis rentré chez moi, j’étais silencieux, triste et je me suis mis à l’écart de ma famille. Je me suis remis en question et je me suis promis de remonter en 2.

J’allais aux entraînements et aux matchs avec une colère nouvelle, inhabituelle. Je jouais avec des personnes moins fortes que moi, ça me perturbait. Mon niveau et mes performances au foot influençaient mon caractère et mon humeur à l’école envers mes camarades, chez moi envers ma famille. Je n’arrivais pas à être de bonne humeur après une défaite ou une mauvaise performance. Il suffisait que je ne sois pas pris au match pour que je sois triste.

J’ai cru que je n’allais jamais remonter

Je n’avais plus d’influence sur l’équipe 3, j’avais oublié le niveau régional. Le coach me disait que j’étais fort, que ce n’était pas à cause de mes performances que je descendais encore d’un niveau en équipe 4, mais je n’y croyais pas. Cette justification était un prétexte, je me disais que je n’étais pas assez fort. Je trouvais que les coachs étaient injustes, qu’ils favorisaient certains joueurs. C’était une descente aux enfers qui ne s’arrêtait jamais.

Après avoir vraiment compris pourquoi je suis descendu (je n’étais pas assez concentré pendant l’entraînement), et comment faire pour remonter, je me suis vraiment appliqué, je me suis donné à 200 %. J’étais hyper motivé, comme un joueur professionnel. Après tous mes efforts, trois semaines plus tard, je suis remonté en équipe 2.

J’avais peur de ne pas être à la hauteur

Mais j’avais une peur nouvelle : peur de rater mon entraînement, de redescendre ou de ne pas être à la hauteur. Je ne reconnaissais plus mon équipe, tout était différent. Je pensais être devenu plus fort mais, quand je suis revenu, ils étaient eux aussi plus forts, plus rapides, plus endurants. Mon coach m’a souvent crié dessus, mais je pense que ça m’a été utile car je me suis endurci. Je me suis petit à petit réadapté au niveau de la 2.

Cet épisode m’a perturbé. J’ai compris que le foot prenait beaucoup et même trop de place dans ma vie, et que j’étais facilement influençable. Mon premier défi est de jouer tous les matchs en équipe 2. J’aurai vraiment atteint mon but lorsque je saurai mieux contrôler mes émotions.

Marcus, 13 ans, collégien, Villiers-le-Bel

Partager

Commenter