À Fresnes, paye tes conditions de détention…
Les conditions de détention à Fresnes sont vraiment dures. En commençant par la douche. Il y avait trois douches par semaine, ce qui n’est pas assez… Chez moi, j’ai l’habitude de me laver tous les jours. En plus de ça, c’étaient des douches communes et elles étaient souvent froides.
J’ai passé 18 mois en détention et pendant ces dix-huit mois, je n’ai vu personne de ma famille ni personne de l’extérieur. Les conditions de promenade sont également lamentables, on était dix dans une petite cour de la taille d’un balcon. C’était le seul moment où on pouvait prendre l’air. Mais bon, ce n’était pas très grave car je sortais peu en promenade ; ça ne me disait rien, j’avais tout ce qu’il me fallait en cellule : radio-poste, télé…
Il y avait aussi des cafards à n’en plus finir. Même sur mon lit ! Ils étaient énormes, et le pire, c’est qu’on ne pouvait pas s’en débarrasser parce qu’ils se multipliaient. Je pense que ceci a été l’épreuve la plus dure de ma détention car, les cafards, ça me répugne.
Un monde de morts-vivants
Des fois, je ne pouvais pas fermer l’œil sachant qu’ils étaient à côté de moi. J’en ai parlé au chef de division, il est venu mettre un produit mais rien n’a changé. Ils ne faisaient rien d’autre. Ce qui nous arrive, aux surveillants, c’est pas leur problème. Tant qu’on n’est pas blessés graves ou morts, ils s’en foutent. Puis les matelas là-bas, ils sont durs comme du béton… Carrément, j’avais mal au dos, je dormais mal. Maintenant, ça va beaucoup mieux.
Ce séjour en détention n’a pas été que négatif, j’y ai passé quelques bons moments et rencontré de belles personnes avec qui je suis toujours en contact. On tire le meilleur de nous-mêmes et des autres. Dans ces conditions, il y a beaucoup d’entraide parce qu’on se retrouve tous dans la même situation. En plus, je suis toujours tombé sur des bons co-détenus, pas des gens bizarres. T’as pas de clopes, le mec va t’en passer. Il te dit juste « Rends-moi quand t’as », il va pas te prendre la tête. Je leur parle encore, là !
J’étais un peu coupé du monde, parce que la prison, c’était un autre monde. Un monde de morts-vivants presque : les vivants, ils sont dehors et nous, on est des zombies. C’est pas une vie d’être là ! Quand je suis sorti, j’avais l’impression de renaître.
Arnold, 23 ans, en formation, Val-de-Marne