Lou R. 10/11/2022

Fumer pour oublier mon agression

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Lou a été agressée sexuellement lors d'une soirée. Plus elle a compris ce qui lui est arrivé, plus elle s'est mise à fumer du shit.

Avant, je ne fumais du shit qu’en soirée. Mais après ça, c’était tous les jours. Je ne me souviens plus vraiment quand je m’y suis mise, ça s’est fait petit à petit. Ça m’a beaucoup aidée pour dormir et éviter de faire des crises d’angoisses.

Un jour de mars 2022, j’avais 15 ans. J’étais partie dormir un week-end chez une amie de confiance que j’avais rencontrée dans ma classe. J’y suis restée deux jours. Le premier soir, comme on s’ennuyait, on est parti à une petite soirée chez un pote de cette amie. Le début de soirée était bien mais je n’ai plus de souvenirs après 22 heures. J’ai fait un black out à cause de l’alcool, ça a duré six heures. Les parents de mon amie m’ont ramenée et le lendemain, elle m’explique tout. Quand j’ai su que tous ses potes m’avaient aidée, je me suis dit que je pouvais leur faire confiance. Ensuite, on a donc passé la journée avec eux, et tout s’est bien passé.

Le soir même, on repart en soirée chez un de ses potes mais cette fois-ci on dort là-bas. Je n’ai pas voulu boire pour ne pas refaire comme la première fois, mais bon tout le monde buvait sauf moi alors je les ai suivis.

Tétanisée, je n’ai pas pu bouger

Au fur et à mesure, ils sont partis dormir et je suis allée dans le lit qu’on m’avait installé. Un peu plus tard, un des gars de la soirée s’est incrusté. Je me suis dis : « Pas grave, y a plus de place, il vient juste dormir. » J’ai fini par m’endormir, et quand je me suis réveillée le gars était en train d’abuser de moi. Il m’a déshabillée quand je dormais. Je n’ai pas pu bouger, j’étais tétanisée. Alors, j’ai attendu que le gars se rendorme pour pouvoir partir, et suis allée rejoindre ma pote dans son lit. Ça me semblait irréel, je n’ai pas pu me rendormir après. Le lendemain matin, je lui en ai parlé. Elle m’a dit que c’était rien, que c’était normal, qu’il avait juste tapé une phase. Je me suis dit que j’en faisais beaucoup trop, que ce n’était pas grave.

Mais pendant plusieurs jours, quand je m’endormais je sentais ses mains sur moi, c’était étrange. J’avais du mal à m’endormir, ces visions se sont arrêtées avec le temps mais ce n’est pas pour autant que j’ai arrêté d’y penser.

Du déni à la prise de conscience

Je n’en ai plus parlé après ça, en restant dans le déni complet pendant quelque temps. Puis un jour, j’en ai discuté avec une copine, qui était à l’aise avec ce sujet. Elle avait déjà subi plusieurs attouchements. Quand elle m’a fait réaliser ce qu’il s’était passé, bah forcément j’ai étais très en colère contre lui et ma soi-disant pote de la soirée.

Elle m’a fait comprendre que ce n’était pas normal. Suite à ça, je me suis beaucoup renfermée sur moi-même. C’est comme ça que j’ai commencé à fumer de plus en plus. Je n’en ai parlé à personne au début, puis j’ai fini par le dire à ma meilleure amie qui était contre. Elle disait juste d’arrêter, ça ne m’a pas empêchée de faire comme je voulais. Mon copain aussi voulait m’aider, mais la relation s’est finie, donc ça n’a rien changé. Mais il fallait que j’arrête, surtout que mes parents ont trouvé du shit plusieurs fois dans mes affaires. Puis, un jour je suis partie en vacances avec ma famille, je n’ai pas pu fumer, alors ça m’a déshabituée. Maintenant, ça va beaucoup mieux, je ne consomme plus qu’en soirée. Parfois j’en ai envie, mais je fume juste une clope et ça passe tout de suite.

Lou, 15 ans, lycéenne, La Boissière-École

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