« Girafe », et alors ?
« Tout ce qui est petit est mignon ». Je mesure 1 mètre 76, alors autant dire que cette phrase m’a hantée toutes mes années de collège. J’étais une fille assez grande, même très grande pour son âge.
Une fille qui n’avait pas besoin de toutes ces remarques qu’on lui infligeait. Une fille qui se sentait tout simplement mal dans sa peau. À chaque remarque, je pleurais, hypersensible que j’étais. Cette période de ma vie était compliquée. Je subissais très clairement du harcèlement.
«T’es grande, on dirait un mec»
Les premières remarques ont débuté en début de 5ème, l’année où tous les pré-ados se sentent pousser des ailes. Ils se sentent « grands ». J’étais en salle 505, je m’en souviens comme si c’était hier. C’est là que j’ai reçu les premières remarques « T’es grande, on dirait un mec. » « Armoire à glace. ». Ces remarques, j’en avais marre. Surtout que les premières phrases sont parties de soi-disant « amis », qui eux étaient petits et minces. À cette période, je ne prenais pas cela au sérieux car ils en rigolaient. Donc j’en rigolais aussi, par peur de ne pas être acceptée dans leur groupe.
Un beau jour, j’ai décidé d’en parler à ma mère, ma confidente. J’ai tout déballé d’un coup. Je lui dit comme ça : « Maman, on m’insulte ». Ma mère s’y connaissait un peu car elle-même a subi les mêmes remarques sur son physique. Des filles la harcelaient aussi, sauf qu’elle avait du caractère et se défendait. Tout mon contraire . Elle me rassurait et me disait que les filles de grandes tailles finissaient souvent mannequins. Elle me disait aussi que les filles qui parlaient de ma taille et se moquaient, ce n’était juste que des filles jalouses, des filles qui n’ont pas confiance en elles. Ma mère m’a beaucoup aidée.
Je voulais rétrécir
À la rentrée de 4ème, j’étais dans la classe des « handballeurs ». C’est la classe dans laquelle on mettait tous ceux qui pratiquaient le hand. J’en avais fait l’année passée, mais j’avais arrêté parce que cette activité avait fait empirer le harcèlement. Ça me passionnait pourtant. Quand j’ai vu que j’allais refaire une année avec ces mêmes personnes, je suis allée voir le CPE pour lui en parler. Et le harcèlement s’est arrêté.
Les années qui ont suivi, j’avais peur que cela se reproduise. J’avais tellement peur que je regardais des tutos sur YouTube pour rétrécir ! Mais je trouvais rien, à part des conseils nuls comme : « porter des vêtements ajustés », « faire de l’exercice »… Mais honnêtement, au fond de moi je ne voulais pas vraiment rapetisser parce qu’être grande, ça a malgré tout des avantages. Par la suite, j’ai appris que changer ne sert à rien. Il faut rester comme on est malgré nos défauts, on apprend à s’aimer au fur et à mesure des jours.
Maintenant, je tente de m’accepter. Et ça fonctionne aussi parce que j’ai pu rencontrer des modèles de femmes qui me ressemblent. J’ai eu la chance de rencontrer deux footballeuses de l’équipe de France, Eugénie Le Sommer et Amandine Henry. Cette rencontre m’a motivé à reprendre le sport après le confinement. J’ai repris le foot. Et j’ai été sélectionnée pour aller dans un centre de formation à Cannes ! Grâce à ma taille et un peu mon talent…
Jasmine, 15 ans, lycéenne, Marignane