Sara M. 09/11/2022

De la grossophobie aux TCA

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À 9 ans, Sara pensait déjà à perdre du poids, pour que les remarques de son entourage cessent. Au fil des années, des kilos sont partis et les TCA sont arrivés.

J’aurais aimé que mon poids ne soit pas un sujet. Que l’on ne me fasse pas de remarques sur comment je mange ou comment est mon corps. Même si ces remarques pouvaient porter sur ma santé, elles blessent et marquent toute une vie.

Petite, j’avais zéro complexe. J’avais beaucoup d’amis et je vivais ma vie sans me préoccuper de mon corps. Puis, vers le milieu de la primaire, j’ai commencé à être en léger surpoids.

Je n’en étais pas réellement consciente. Ça ne m’importait pas, jusqu’à ce qu’on commence à me le faire savoir. J’ai d’abord reçu des remarques de mon médecin qui disait que j’étais trop « grosse » pour mon âge. Puis de mes camarades. Et enfin de ma famille.

Ce n’était pas des remarques méchantes, c’était plus pour « rire », mais ça m’atteignait beaucoup et ça m’a fait perdre toute confiance en moi. À 9 ans seulement, j’ai commencé à complexer de plus en plus, surtout sur mon ventre. Je voulais à tout prix perdre mes kilos en trop pour que ça s’arrête.

Prise au piège

À l’adolescence, j’ai développé des TCA (troubles des comportements alimentaires) et de la dysmorphophobie. Je n’en pouvais tellement plus de mon corps. Je n’arrivais plus à me voir dans un miroir, je ne voulais plus partir en vacances pour ne pas être obligée de me mettre en maillot de bain, je n’achetais pas certains habits par peur d’être trop grosse dedans.

J’ai commencé à me priver. J’ai arrêté de manger le midi au lycée. L’après-midi, je rentrais chez moi, affamée, et je faisais des crises. Je me ruais sur tout ce que je pouvais manger sans pouvoir m’arrêter tellement ça me faisait du bien.

Après ces crises venaient l’étape du regret, la pire selon moi. Je commençais à me dégoûter d’avoir pu manger tout ça, jusqu’à m’en faire vomir pour ne plus culpabiliser. Je suis tombée dans ce cercle vicieux sans pouvoir en sortir.

Pas de changement dans le miroir

Plus j’avançais, moins j’avais d’appétit. Les rares fois où je mangeais, je me sentais obligée de me faire vomir. J’ai perdu du poids, de plus en plus, mais je ne le voyais pas. Je trouvais tellement satisfaisant les moments où l’on me disait que j’avais maigri que je ne pouvais plus m’arrêter. Plus on me le disait, plus je continuais.

J’ai commencé à compter mes calories, à me peser tous les jours, mais quand je me regardais dans le miroir, je ne voyais aucun changement. Les chiffres de la balance baissaient au fil des mois. Je savais donc que je perdais du poids mais je me trouvais toujours aussi grosse, peu importe ce qu’on me disait.

Une guérison difficile

Ma mère a commencé à voir que je ne mangeais plus, elle a eu peur que je devienne anorexique. Elle voyait bien qu’il y avait un problème et m’a poussée à voir une psychologue. Cette dernière m’a aidée à me livrer mais pas à régler mes problèmes.

Parce qu’aujourd’hui, je n’arrive toujours pas à être consciente du poids que j’ai perdu. Je me trouve toujours plus grosse que ce que je suis. Je pense que j’ai guéri de mes TCA, mais j’ai toujours autant de mal avec mon corps.

Sara, 17 ans, lycéenne, Versailles

 

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