Guyanaise, je vis en métropole avec 200€ par mois
Je suis née et j’ai vécu 20 ans en Guyane. Après le collège j’y ai fait mon CAP petite enfance pendant deux ans. Mais je ne l’ai pas validé. Du coup, quand ma sœur m’a demandé si je pouvais venir en France pour l’aider, elle et ses enfants, je me suis dit qu’en plus ça me permettrait de voir autre chose, après cette déception. Je me suis dit que peut-être je pourrais refaire mon CAP, chercher un appart. Comme n’importe qui en partant de chez ses parents !
Du coup, en juin 2021 je suis partie de Guyane pour venir à Toulouse. J’ai décidé ça un peu au dernier moment. J’ai pris un risque de venir, alors que je ne connaissais pas mais je me suis adaptée, et j’ai pris la décision de rester pour aider ma sœur pour ses enfants à Toulouse.
Je suis venue avec mes économies : 700 euros. Je les ai utilisées en faisant des activités en famille pour les grandes vacances, en achetant des vêtements dont j’avais besoin et en faisant quelques courses. Ensuite je n’avais plus rien. Je me suis inscrite à Pôle emploi et je touche 200 euros. Avec ça, j’ai de grosses difficultés. J’habite à Borderouge, ma situation est très compliquée parce que je suis hébergée chez ma sœur mais qu’elle est en couple. Je ne me sens pas comme chez moi. Il y a toujours des règles à respecter mais j’y reste parce que j’ai nulle part où aller. 200 euros, c’est vraiment pas suffisant. En plus, je dois diviser en deux avec ma sœur mais c’est tout à fait normal. Alors j’ai 100 euros pour acheter des soins personnels ou des vêtements.
Je dépends trop de ma sœur
Aujourd’hui, je me renseigne avec la mission locale pour trouver un endroit où refaire une formation pour finir mon CAP, et en même temps je cherche un appartement. Parce que, sans travail et sans logement, je dépends trop de ma sœur. Quand je manque de sous, je dois lui demander. Quand je veux sortir faire un truc, je dois voir avec elle si elle a besoin d’aide pour ses enfants. Quand je suis chez elle, je dois respecter toutes les règles. Je dois nettoyer, ranger toute la maison toute seule, même les jeux des enfants. Faire leur vaisselle avec la mienne, faire à manger pour tout le monde, etc. Mais je suis pas payée pour ça et ça prend tout mon temps.
Elle m’a aussi beaucoup aidée à chercher des emplois et à m’inscrire à la mission locale. Là-bas, on pourra m’aider à chercher du travail et à faire des ateliers pour m’apprendre à écrire un CV ou passer des entretiens. Ma sœur a vu qu’en métropole j’avais du mal, donc on prenait le métro ensemble. Elle me disait où m’enregistrer et après je le faisais seule comme une grande fille. Elle-même m’a dit « je suis fière de toi ma sœur. » Et depuis toutes mes démarches, je les fais seule. Voilà, j’ai risqué ma vie en venant ici mais ça m’a permis d’apprendre à m’adapter et je me fais plein de copines. Jusqu’à maintenant, je n’ai encore rien trouvé mais c’est en cours.
Voilà ce que c’est de décider de partir dans un autre « pays » quand t’as pas de travail ni de diplôme, et sans argent. Seulement avec l’aide de Pôle emploi de « 200 euros ».
Meissa, 21 ans, Garantie jeunes